Nos amis arrivent vers 10H du matin et mouillent leur voilier à côté de nous. Juste le temps pour eux de souffler un peu que voilà les autorités qui les assaillent pour les formalités. Madame CLAUDE m'appelle au secours par la VHF car Monsieur CLAUDE est débordé par quatre personnes à la fois qui sont montées à son bord sans gène. Je saute dans petit na maka et les rejoints. Me voyant arrivé, tous me saluent très courtoisement, se souvenant de nos rencontres de la veille avant de se faire engueuler par moi en leur rappelant que je leur avais dit que j’accompagnerais mes amis pour les formalités et qu’ils pourraient nous donner quelques heures de répits après une traversée d’autant que nous ne descendions pas à terre. Enfin, ils sont là et les formalités sont expédiées à grande vitesse.
Les CLAUDE’S vont se coucher afin de se reposer après une dure traversée de jour et cette dernière nuit où le vent et la mer ont grossis et CLAUDE la classera dans les cinq plus difficiles de sa longue vie de plaisancier !!!!!
L’après midi, nous leur faisons faire le tour de la ville, enfin du gros village. Nous le amenons souper au restaurant que nous connaissons et rentrons pour une nuit de sommeil.
vendredi 20 février 2009
La journée se déroule banalement comme une journée de petits travaux d’entretien et de repos.
Le vent d’Est qui a ramené nos amis de PORTO RICO est toujours bien présent et de ce fait le mouillage devant SAMANA devient inconfortable et la journée et la nuit qui suit commence à user la patiente des deux équipages.
samedi 21 février 2009
Après une mauvaise nuit où les bateaux se sont pris pour des chevaux de rodéo, nous décidons de partir en éclaireur afin de trouver un coin plus abrité. CLAUDE se colle à l’étude des fichiers météo qu’il reçoit par sa radio BLU afin de partir au plus tôt sur la côte Nord.
Nous trouvons effectivement un endroit qui semble plus abrité et moins rouleur et les appelons avec notre radio VHF afin qu’ils nous rejoignent.
Un briefing météo plus loin, nous décidons de partir demain matin, le vent étant tombé cet après midi, pas la houle, mais devant être très mou tout le lendemain.
dimanche 22 février 2009
Dimanche matin, départ à 10H avec un temps qui semble maniable.
Sortie de la très grande baie de Samana, le vent de Nord Est commence à rentrer et la mer ne s’est pas calmée, d’autant que toutes les vagues de l’océan viennent se fracasser sur la côte Est de la République Dominicaine avec quelques milliers de kilomètres sans obstacle et modelée par la puissance du vent.
Enfin, nous avons trois bonnes heures de difficiles, face au vent et aux vagues qui m’ont obligées, plusieurs fois, à lever la tête afin d’en voir la crête et de rajouter un peu de puissance quelques secondes aux moteurs afin de les franchir en toute sécurité. Nous avançons à une vitesse de sécurité de 6 KN, ce qui est juste bon pour gagner sur notre cap. Cette première partie de parcours, quoique dure, est faite en toute sécurité et nous n’avons jamais envisagé de faire demi-tour, sachant que la distance à couvrir était réduite. Dans ces conditions difficiles, nous avons la chance d’être à l’intérieur du bateau, à l’abri des vagues qui éclatent sur le bateau et donc au sec et au chaud, nous avons une pensée émue en sachant les douches que prennent nos amis installés à l’extérieur dans le cockpit de leur voilier.
Nous contournons deux caps et filons vers l’ouest en direction de PUERTO PLATA, sur la côte Nord et au fur et à mesure que notre route s’infléchie, nous allons avec le vent et la mer dans le dos et tout cela devient presque confortable.
En étudiant la carte de plus près, je trouve une petite baie où nous pourrions nous arrêter nous reposer quelques heures et reprendre la mer se soir afin de naviguer cette nuit et d’arriver de jour à notre prochaine halte.
Nous repartons à 19H et arrivons le lendemain matin à 7H à PUERTO PLATA.
Le vent étant complètement tombé en cette fin d’après midi et la mer commençant à se poser, le reste de la navigation ne fut qu’une simple formalité.
lundi 23 février 2009
En petite vitesse depuis 5H du matin où nous avançons à 5 KN afin d’arriver de jour dans un coin que l’on dit mal pavé. Pensant trouver une marina dans le seul port sur cette côte, nous sommes accueillis dans ce qui ressemble plus à un vieux port de commerce et de pèche des années soixante sans l’ombre d’un équipement moderne adapté à nos bateaux. Vieux quais en béton tous effondrés, des trous immenses dans les terres pleins construite sur l’eau et une ruche de travailleur pêcheurs qui préparent la prochaine campagne de pèche au large sur les grands Banks des iles TURQUEY and CAICOS, sans se préoccuper une seule seconde de notre arrivée.
Nous sommes néanmoins pris en charge par quelques « personnalités » du cru dont le mieux habillé et ayant la plus « grande voix » nous propose son aide. Il nous faut charger du gaz oil car il ne doit pas m’en rester beaucoup dans les réservoirs mais il est absolument nécessaire de refaire toutes les formalités d’accès avec tout le cortège des officiels, même pour un arrêt ravitaillement de deux à trois heures.
J’avais entre temps négocié 400 gallons (3.8 litres) de carburant de première qualité.
Le camion de ravitaillement arrive au bout de 1H et c’est à partir de ce moment que l’aventure dans un autre monde commence. Le tuyau de distribution est trop court de trente mètres, ils courent en chercher un chez un pêcheur, qui n’est pas du même diamètre, bien sûr, ils raccordent les deux à la hache, le pistolet de contrôle du débit est mis lui aussi de côté pour les mêmes raisons et c’est Beyrouth, ou similaire, mais le gaz oil se répand partout sur le quai et le bateau, le débit n’est bien sûr pas régulé et tout va mal. Agnès commence à montrer les dents et je finis par arracher des mains du préposé à se noyer dans le fuel, le tuyau de livraison et je stoppe très énergiquement l’opération à 200 galons.
Après encore une heure de perdue à faire les formalités et délesté de 65 USD, nous nous sauvons de ce piège non sans avoir dit leurs quatre vérités dans leur langue aux gens supposé nous aider et aux autorités, commandant de l’armée y compris.
Personne n’a moufté devant ma détermination et ma colère. Je crois que c’est un entrainement à ce qui nous attend à CUBA.
Durant toutes ces péripéties, nous prévenons nos amis de filer vers un autre point de rendez vous auquel nous avions pensés mais de ne surtout pas rentrer dans ce port, quand demi heure plus tard, ils nous apprennent qu’ils sont royalement installé dans une marina moderne située à quelques miles d’ici.
Nous le rejoignons directement et trouvons un endroit qui doit ressembler au paradis du navigateur comparé à ce que nous venons de vivre et de plus le gaz oil est moins cher, donc je complète les pleins avec 200 galons de plus. Nous sommes accueillis dès notre entrée dans cette marina privée, construite avec des capitaux américains, par le dock master et les autorités avec lesquelles nous refaisons toute la procédure qu’il y a deux heures, mais là avec des sourires car CLAUDE nous avait prévenu que cela était nécessaire, c’est leurs lois, et mais que c’est gratuit.
L’après midi est passé à décompresser et le soir on se paye un bon repas tous les quatre dans le restau grill de la marina avec un bon vin rouge chilien afin de remonter le moral aux troupes après cette navigation qui a commencée en fanfare et cet atterrissage quelque peu chaotique. Puis grande nuit de sommeil.
mardi 24 février 2009
mercredi 25 février 2009
Ces deux jours sont employés à mettre de l’ordre dans les bateaux, faire les avitaillements pour un gros mois en autonomie, de reposer les deux équipages et de préparer le plan de bataille pour la traversée et l’arrivée à CUBA.
Il nous faut soustraire à la vue directe des autorités cubaines quelques éléments subversifs comme le téléphone par satellite Iridium, nos téléphones portables, les coffrets de fusées de sécurité, et d’autres choses qui pourraient les énerver.
On prépare la navigation pour une arrivée de jour en terre communiste afin de ne pas se faire tirer dessus la nuit, enfin « big organisation ». Mais on est impatient car on va se régaler dans un pays anachronique de notre temps, et puis il y a tout plein de langoustes à pêcher.
Le départ est prévu pour jeudi matin et l’arrivée à SANTIAGO DE CUBA pour samedi midi.
Mais les communications risquent de se faire plus rares, il parait qu’il n’y a pas de connexion internet disponible pour le peuple et les touristes, enfin on verra bien.
jeudi 26 février 2009
vendredi 27 février 2009
La météo du matin étant la même que celle de la veille, la décision du départ est entérinée par les deux équipages et après les petites formalités de départ avec les autorités de la marina et le règlement de la facture, nous larguons les amarres à 11H et nos amis à midi.
Nous avons prévu de nous arrêter passer une partie de la nuit au mouillage de MONTE CRISTI, la dernière village en république dominicaine avant la frontière avec HAITI afin de couper le voyage car nous avons 300 milles à faire entre PUERTO PLATA et SANTIAGO DE CUBA.
La première journée de navigation se déroule tranquillement, vent et mer dans le sens de notre route, mais une heure avant la pose de la nuit, les moteurs se mettent à vibrer. Je les mets immédiatement au point mort, je descends dans la cale contrôler et n’ayant aucune autre indication que ces vibrations, je remets en route. Les vibrations sont présentes à 1600 tours mais disparaissent à un régime inférieur.
On fini jusqu’au mouillage prévu et je plonge sous le bateau pour voir si un bout ne se serait pas pris dans les hélices.
Plongée à la tombée de la nuit, eau un peu fraiche mais il est impératif de régler le problème. Je ne trouve aucun cordage. Je fais tourner à nouveau les moteurs au point mort mais je n’enregistre aucune autre vibration. On pense que nous avons pris effectivement un bout mais que la période de ralentis pendant l’approche et la prise de mouillage à dû être propice à la chute de l’intrus.
Quelques minutes plus tard, une barque approche de NA MAKA avec un officiel à bord venu s’enquérir du motif de notre présence. Nous avions peur d’avoir à faire le circuit normal des formalités administratives. Après moultes palabres, quatre bières et 5 USD, ils retournent à terre en nous précisant que si demain nous sommes toujours là, on est bon pour la revue.
Réveil à 2H et départ immédiat car nous sommes impatient de connaitre le verdict de l’incident d’hier soir. Notre diagnostic devait être le bon car les moteurs ont parfaitement fonctionnés pendant les 29 heures du trajet.
Au contraire des CLAUDE’S qui avaient tracé une route vers le large avant de plonger sur CUBA, nous avions prévu de longer la côte de HAITI et d’emprunter le canal avec l’ile de la Tortue, célèbre repaire d’un grand nombre de pirates au fil des ans, avec une petite appréhension.
La navigation sur le canal a été un pur moment de bonheur, mer plate, petit vent par l’arrière et nous avons croisés une multitude de petites barques locales de pêche à la voile sur l’eau allant d’une côte à l’autre. Les rencontres étaient chaleureuses avec des gestes d’amitié et des applaudissements réciproques, enfin beaucoup d’émotions en rencontrant ces gens de la mer qui faisaient leur travail avec très peu de moyen mais beaucoup d’humilité. Je ressentais vraiment en ce moment là le privilège de notre condition d’européens.
Le reste de la journée et de la nuit se déroule convenablement, si ce n’est qu’à notre rendez-vous de 2H du matin, devant GUANTANAMAU BAY, de sinistre actualité, nos amis étaient absents. Nous avons quand même mis les américains en branle car nous étions entrés dans leur zone de navigation interdite, avec des messages radios inaudibles, personne ne parlant français ou espagnol. Ils nous ont envoyé une vedette des coast guards aux fesses et Agnès a compris que l’on était peut être dans leur zone gardée et que cela ne leur plaisait pas. Nous en sortons avec nos chiens de garde toujours à l’arrêt qui nous lâcherons plus tard.
Nous continuons jusqu’à SANTIAGO DE CUBA distant de 40 NM et finissons au ralenti pour attendre le point du jour afin de rentrer dans le fiord. Nous contactons par radio, avant les autorités qui nous expliquent la procédure.
L’accueil au ponton est agréable et les formalités sont expédiées rapidement avec simplicité et bonne humeur. Tous les récits de navigateurs ayant fait haltes à CUBA ont tous raconté des histoires d’officiels très imbus, pénibles et quémandant
« el servicio ». Pour nous, cela se soldera par une bière et un jus de fruit offert et deux piles AA pour le transistor en panne du médecin.
Nous espérons tous que la suite du séjour sera du même tonneau.
Nos amis arrivent enfin vers 13H, tranquillement, un peu fatigué, comme nous par deux jours de mer mais heureux d’être là. Nous leur expliquons le déroulement des formalités, ce qui les surprend de prime abord, mais le déroulement est le même que pour nous et tout le monde est soulagé et heureux.
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