dimanche 17 mai 2009

ST AUGUSTINE SOUTHPORT

Dimanche 26 avril 2009
Après le départ de nos vacanciers, nous partons en direction de
SAINT AUGUSTINE, prochaine étape où nous avons rendez vous avec nos amis CLAUDE’S.
Le trajet se déroule sans problème et nous y arrivons vers 17H. Nous restons dans un mouillage calme à deux miles de la ville que nous rejoindrons demain matin pour retrouver SCORSEAU qui est venu par la mer.

du lundi 27 au mercredi 29 avril 2009
Ces trois jours sont consacrés à la découverte de la ville que toutes les informations recueillies et les guides nous invitent à parcourir.
C’est la première ville qui ressemble à une vraie ville. Elle a un fort caractère d’authenticité et est à échelle humaine. Elle a été fondée en 1564 par les français et les espagnols ont revendiqués ces territoires quelques temps plus tard. Elle restera longtemps dans les dépendances espagnoles et sera évidemment conquise par l’Angleterre qui la cèdera aux américains en 1760 lors des guerres d’indépendances. Ces trois pays se disputaient systématiquement les territoires conquis par les uns ou les autres.
C’est la première ville aux USA que nous voyons avec une rue commerçante piétonne. Dans cette rue, il y a plusieurs vieilles maisons en bois restaurées et la plus ancienne école du pays encore debout (style de la petite maison dans la prairie).
Notre mouillage est situé en face de la marina municipale et du centre ville. Nous pouvons laisser notre annexe au ponton de la marina contre la modeste cotisation de 10 USD, mais nous avons droit d’utiliser les commodités du lieu. C’est la première fois que nous payons pour laisser « petit na maka » quelque part. Il semblerait qu’ici, il ne soit pas utile d’attacher l’annexe et de tout cadenasser, on nous affirme que l’on est en sécurité partout. C’est vrai que nous sommes « à la campagne » et que nous n’avons jamais ressenti la moindre insécurité depuis notre arrivée aux USA.
Nous rencontrons beaucoup de touristes étrangers et américains. Les visites de la ville peuvent se faire avec plusieurs moyens de locomotions et en particulier en calèche avec guide cocher.

Jeudi 30 avril et Vendredi 1er mai 2009
Nous avons décidé tous les quatre de rallier au plus direct la ville de SAVANNAH qui est elle aussi un haut lieu touristique. Le trajet se déroule dans une routine qui pourrait sembler ennuyeuse mais qui, heureusement nous fait traverser des contrées sauvages et superbes. Nous y côtoyons une importante faune très diversifiée.
Agnès rage tous les jours contre les nombreux dauphins que nous voyons autour du bateau car il est très difficile de les filmer et elle voudrait garder un joli souvenir de ces rencontres. Ils semblent vraiment très proches de notre condition. Ce sont les seuls « habitants des eaux » qui viennent nous voir, ils nous regardent en nageant sur le côté, sautent à côté du bateau quand nous les applaudissons, font des cabrioles en surfant les vagues du bateau. Les jeunes dauphins nagent collés à leur mère et s’y confondent comme leur ombre. C’est vraiment une joie chaque fois renouvelée de les voir nager autour du bateau.
Nous arrivons en fin d’après midi au point de mouillage décidé avec les CLAUDE’S afin de s’y retrouver dès qu’ils arrivent. Nous y passerons une très mauvaise nuit, dans la jonction d’un petit bras d’eau qui sort sur l’ICW. D’abord, le courant nous chahute comme il veut, puis cela doit être le chemin pour aller vers une zone habitée car de nombreux bateaux à moteurs passent toujours à donf !!!!
Pour la nuit, j’allume bien sur les feux de mouillages mais de plus, je rajoute une lampe flash clignotante afin d’être bien vu de toute part. La nuit se passe sobrement.

du samedi 2 au lundi 4 mai 2009
Au matin, dès que nos amis arrivent, nous partons vers la ville distante de huit miles nautiques.
Nous sommes surpris de ne pas trouver de marina alors que les guides faisaient mention d’une marina municipale. Nous trouvons des quais flottants le long du fleuve SAVANNAH RIVER qui sont déjà occupés par de nombreux bateaux de toutes tailles. Nous décidons d’accoster au quai privé de l’hôtel HAIAT afin de voir comment se passent les opérations ici. CLAUDE, de son côté, se met à couple d’un voilier sur un autre quai et nous marchandons chacun de notre côté.
Nos moyens ne nous permettent pas de rester chez les riches, d’autant plus qu’ils attendent deux yachts qui ont réservés. CLAUDE se fait une petite place au fur et à mesure que des petits bateaux partent et négocie avec des locaux pour nous laisser leur place et de les prendre à couple de NA MAKA. Aussitôt accepté et je suis là pour faire les manœuvres. Tout fini bien et nous sommes contents d’arrêter les moteurs car cela fait plus de deux heures que nous tournons.
Nous trouvons une ville en fête. Il faut préciser que nous sommes sur « le quai municipal », en plein centre ville devant LA PLACE.
La ville est superbe, organisée autour de nombreux squares qui structurent les carrés de maisons. Nous y ressentons une douceur de vivre extraordinaire, très peu de voitures et surtout pas un coup de klaxon, des gens déambulant nonchalamment. Il est vrai que nous sommes dans une ville du sud où nous y rencontrons pour la première fois une forte population de gens de couleur. C’était un des bastions de l’esclavagisme au 18e siècle. Pendant la Guerre de Sécession, les riches propriétaires terriens et les commerçants se sont opposés au pouvoir des nordistes. Le pays en a été profondément meurtri. Nous voyons de nombreux drapeaux des confédérés sudistes toujours accrochés au fronton des maisons.
C’est la première fois que nous rencontrons un grand nombre de personnes obèses. Nous sommes bien partis de la Floride, état riche et nous sommes arrivés dans les états du sud, plus défavorisés depuis quelques centaines d’années.
Il y a également beaucoup de touristes qui viennent gouter à la quiétude des lieux.
Nous avons très rapidement eu une autre surprise. Dans la soirée, nous entendons un très fort coup de klaxon au loin et en nous retournant, nous voyons arriver un porte containers qui remonte la rivière. Il nous passe devant à petite vitesse escorté par deux remorqueurs. En fait, après la ville, il y a un important port de commerce. Nous verrons donc défiler presque tous les armements de la marine marchande.
Nous avons également gouté à la cuisine locale, des crabes et des crevettes apprêtés à toutes les sauces, et particulièrement dans l’une des plus vieilles tavernes de la côte, THE PIRATE’S HOUSE, existante depuis 1753, bâtisse construite en bois. Ces trois jours de repos et de visite seront très agréable, nous repartons avec regrets.

Mardi 5 et mercredi 6 mai 2009
Nous reprenons le chemin du nord car nous avons une autre étape importante et aux dires de tous, aussi sympathique, la ville de CHARLESTON.
Départ à 7H le mardi matin avec une petite angoisse au ventre. Il ne doit rester dans les réservoirs que deux cent litres de gaz oil au maximum. Il nous a été impossible d’en trouver à SAVANNAH.
A midi, nous arrivons dans une petite ville, BEAUFORT, où je savais trouver du carburant dans une marina municipale, mais bon, rien n’est jamais sûr. Nous y ferons les pleins de gaz oil et d’eau potable, pendant que nous déjeunerons à bord. L’escale aura durée une heure et demi, mais avec plaisir car dans un calme absolu.
La suite du parcours sera une formalité et le mercredi à midi, nous jetons l’ancre devant la marina municipale de CHARLESTON (prononcer CHARL’STON) où nous retrouvons nos amis arrivés avant nous. Nous y restons pour la nuit.
Dans l’après midi, nous descendons à terre pour demander les tarifs de la marina municipale et pour faire une petite reconnaissance des alentours.
Nous décidons de retenir une bonne place pour deux jours à compter du lendemain.

Jeudi 7 et vendredi 8 mai 2009
Vers 8H du matin, nous allons prendre notre poste d’amarrage au quai intérieur et allons chercher en annexe nos amis restés au mouillage, afin d’aller visiter la ville.
Nous avons l’agréable surprise d’avoir à notre disposition, service gracieusement offert par la marina, une navette qui fait l’aller/retour toutes les heures avec le centre ville historique.
La vieille ville est situé sur une péninsule entre deux rivières, le centre historique étant concentré dans ce U formé par les anciens quais sur lesquels il y a maintenant une promenade périphérique. La ville est très arborée mais il n’y a pas de jardins publics. Les vieilles maisons sont très bien restaurées. On voit que cette partie de la ville abrite depuis toujours la bourgeoisie locale. Les maisons et les parcs privés sont entretenus avec un grand soin et chaque propriétaire veut systématiquement y rajouter sa touche. Cela donne des styles très mélangés au fil des ans et pas toujours d’une élégance remarquable. On y décèle souvent des lourdeurs suite à la juxtaposition de styles canons qui transforme les façades en datant presque chaque changement de propriétaires.
En plein centre ville, dans les anciens bâtiments rénovés de la poudrerie, il a été installé des petits commerces d’artisanat local où nous avons voulu acheter une corbeille à fruits tressée en fibre de roseaux. La corbeille, de trente centimètres environ de diamètre, nous a été proposée, prix affichés, à 400 USD !!!!!!! On a faillit s’étrangler, d’autant plus que comme artisanat local, j’en doute un peu, car nous avons vu les mêmes articles chez plusieurs vendeuses noires dans la ville. Le dernier prix a été de 200 USD, quand même. NA MAKA se passera de corbeille à fruits.
Jeudi après midi, nous avons été nous faire coiffer, Monsieur CLAUDE, Agnès et moi. Pour nous cela faisait six mois que nous n’avions pas parlé avec un coiffeur. Madame CLAUDE y était allée à SAINT AUGUSTINE.
A midi, nous avions déjeuné d’une grosse platée de crevettes, préparées de plusieurs façons, chez BOUBA GUMP, célèbre depuis le film FOREST GUMP. Le restaurant a basé sa décoration sur ce film et c’est très réussi. Sur chaque table, il y a deux panneaux disant chacun « RUN FOREST, RUN » ou « STOP FOREST, STOP » pour le service. Il faut expliquer que depuis une semaine environ, nous croisons beaucoup de bateaux armés pour pêcher la crevette et le crabe et nous retrouvons donc ces deux éléments partout dans la cuisine locale.

Samedi 9 mai 2009
Départ le matin à 7H pour rejoindre un mouillage à 9 NM de GEORGESTOWN où nous devons retrouver les CLAUDE’S qui font le voyage par la mer comme d’habitude. Nous y sommes vers 14H et ils y arrivent vers 18H.
Nous décidons de passer la nuit là et de monter sur GEORGESTOWN le lendemain matin. CLAUDE a son lap top en panne et il faut absolument le réparer ou le remplacer car c’est grâce à cet ordinateur que nous prenons la météo chaque jour. De plus les mauvaises nouvelles n’arrivant jamais seules, ils nous annoncent que pour les quatre prochains jours, il va faire très mauvais avec des violents orages pour ce soir et demain et du fort vent de Nord Est pour les jours suivant. Ce qui veut dire qu’ils ne pourront pas prendre la mer pour SOUTHPORT, objectif de notre prochaine étape.
Dans la nuit, nous sommes réveillés par un bruit de roulement. Nous sortons de notre couette et fouillons tout le bateau pour trouver l’origine de ce bruit constant.
Je finis par descendre dans la cale des moteurs pour m’apercevoir que les deux arbres d’hélices tournent. Je ne peux même pas les arrêter en les bloquant avec mes deux mains. Du fait du courant de marée que nous estimerons entre 4 et 5 N, cela entraine les hélices sous l’eau et donc les engrenages des boites à vitesses des deux moteurs. Ce n’est pas grave en soit, mais un peu ennuyeux mécaniquement.

Dimanche 10 mai 2009
Le lendemain matin, nous partons vers le bourg sous un déluge qui se calmera lors de notre arrivée dans la petite marina pour prendre une place.
Nous faisons une petite reconnaissance entre deux averses de cette petite bourgade et nous sommes bien dans un autre monde. C’est l’Amérique profonde, il y règne un calme absolu. Peu de voitures circulent, les gens que nous rencontrons nous saluent et nous parlent car ils voient rapidement que nous sommes des touristes étrangers, il semblerait qu’il n’y en ai pas d’autres en même temps que nous ici.
La marina qui nous abrite a de la place pour six à huit bateaux, pas plus.
La nuit sera calme.

Lundi 11 mai 2009
A la première heure, CLAUDE téléphonera à un informaticien recommandé par le dock master. Cet homme sera d’une efficacité remarquable car deux heures après, tout sera réparé pour un coût infime.
Nous déjeunerons dans un restaurant près des bateaux avec les incontournables « shrimp » préparés d’une façon très moderne et délicieuse. Nos amis nous annoncent que, comme la mauvaise météo est confirmée pour les jours à venir et que, pour ne pas rester en rade tout ce temps, ils feront les prochaines étapes en nous accompagnants sur l’intracoastal. Nous sommes donc désignés d’office pour leur ouvrir la route, du fait de leur important tirant d’eau. Nous sommes très contents de cette décision car ils pourront voir de nouveaux paysages.
Nous partons vers 15H pour une petite étape d’acclimatation.
En fait, on va remonter une importante rivière au milieu d’une grande forêt jusqu’à demain après midi. Cela sera pour nous également l’une de nos plus belles journées de navigation sur l’intracoastal.
Nous mouillons vers 18H dans un bras secondaire de cette rivière entre deux murs de végétation très dense qui nous donnent l’impression d’être perdu. La nuit nous enveloppe doucement et elle sera porteuse d’un gros sommeil dans un parfait isolement.

Mardi 12 mai 2009
Le lendemain, nous partons vers 8H 30. Le chemin sera le même que la veille, empruntant cette rivière qui se rétrécie au fur et à mesure de notre progression.
Nous apercevons de temps à autres quelques maisons dans la forêt, cela nous rassure car nous avons vraiment l’impression d’être perdu.
Vers la fin de l’après midi, nous sortons en fin de cette forêt et rejoignons l’intracoastal par un court canal de jonction.
Nous trouvons une petite marina au fil de l’ICW, nous accostons d’autorité car personne ne répond à nos appels radio et téléphoniques. Je colle NA MAKA contre un quai flottant et SCORSEAU se met à couple car il y a, là, juste la profondeur nécessaire à leur bateau.
Le matin, nous voyons le dock master, pas inquiet de notre présence et après avoir payé une petite cotisation pour la nuit, nous reprenons le canal.

Mercredi 13 mai 2009
C’est la première journée de navigation sur le canal où nous aurons à souffrir du mauvais temps. Un très fort vent d’Est souffle et nous l’avons par le travers ce qui gène la tenue de cap, je dois tout le temps compenser le pilote électrique. CLAUDE enregistrera 55 N de vent en rafales. Dans le passage des inlets, nous apercevons la mer et elle est très grosse. Malgré un fort clapot quand le canal est dans la même orientation que le vent, nous sommes bien mieux ici qu’en mer.
Nous sommes arrivés à SOUTHPORT et nous ne trouvons pas de mouillage ni de marina ayant assez de hauteur d’eau à marée basse pour SCORSEAU.
Nous continuons donc sur l’ICW pour trouver un endroit protégé où nous pourrons passer la nuit. Une dizaine de miles plus loin, vers 16H, nous nous mettons au mouillage dans une anse naturelle côté intérieur des terres, située derrière les villas du front de mer qui nous protègent du vent.
Tout redevient calme, l’eau est parfaitement plate et le vent se calme progressivement pour la nuit en diminuant de moitié sa violence.