vendredi 13 novembre 2009

NEW YORK / ANNAPOLIS

Lundi 21 septembre 2009
Ce matin, nous partons de SANDY HOOK vers 9H 30 en direction de la mer. Le temps est au grand beau, mais nous avons en prévisions, un vent de sud, soit face à notre route, que nous espérons faible comme prévu. Les forces de vents indiqués par les prévisionnistes de la NOOA sont à multiplier par deux ou par trois systématiquement.
La surface de la mer est calme et le soleil brille.
Nous avions prévu de nous arrêter à MANASQUAN, que nous avons pratiqué en juin lors de notre remontée vers MONTREAL, mais nous y sommes très tôt et nous décidons de poursuivre notre route. Nous naviguons très près des plages côtières, à environ 800 mètres. Nous avisons un inlet d’entrée avec un mouillage qui semble bien protégé du vent de sud actuel, vent qui doit persister pendant plusieurs jours.
Sur nos cartes, les entrées de fleuves sont rarement précises mais en général qu’en nous arrivons devant, le chenal est balisé. Ici, ce n’est pas le cas et les deux balises rouges existantes me semblent suspectes car elles sont dans une zone sans fond, comme indiqué sur la carte. Nous entrons une nouvelle fois à petite vitesse en contournant les bancs de sables indiqués sur la carte. Nous avons la chance de voir un pêcheur arriver du large avec son bateau et nous le suivons. Plus loin, nous demandons à un autre pêcheur ancré de nous confirmer notre route. Nous arrivons à l’endroit choisi pour y passer la nuit. Nous jetons l’ancre dans cinq mètres d’eau avec un peu de courant de marée. L’endroit est très sauvage et calme.
De nombreux pêcheurs du dimanche passeront à proximité du bateau le soir en rentrant pour nous saluer, mais nous les maudissons chaque fois car ils ne comprennent pas qu’ils font des vagues qui bousculent notre bateau. Ils sont surpris de trouver là un bateau français, je pense que c’est plus tôt rare.

Mardi 22 septembre 2009
Après une nuit paisible, nous levons l'ancre vers 9H.
Durant la nuit, sous l’action du vent du sud, des vagues se sont formées en mer et il me semble qu’une barre, due à l’interaction entre la marée descendante et les vagues, s’est formée. Nous décidons d’emprunter l’Intracoastal Water Way du New Jersey. Je ne veux pas prendre le risque de nous planter sur un banc de sable avec les vagues déferlantes de cette barre devant l’entrée de l’inlet.
Nous sortirons en mer vers 10H 30, plus au sud, par un inlet balisé sur lequel il ne s’est pas formé de barre. De plus la mer est plus calme dans cette zone.
C’est ATLANTIC CITY, le LAS VEGAS et le DISNEY LAND local réunis.
Nous naviguons depuis hier confortablement car le vent de sud est resté dans la limite de la prévision météorologique.
Nous arrivons à CAPE MAY et nous embouquons le chenal d’entrée à 16H. Ici, c’est très large car nous sommes dans l’entrée d’un petit port de pêche et de commerce.
Nous chercherons un emplacement pour mouiller, mais nous ne trouvons pas d’endroit qui nous inspire. Nous avisons une petite marina que nous abordons, car il nous est, aussi, nécessaire de charger du carburant. Nous y resterons pour la nuit, le prix du dockage étant modéré. De plus, il nous sera offert un petit assortiment de gâteau sec maison, une bouteille de vin rouge du cru et quelques autres documents publicitaires sur le village. CAPE MAY est une escale obligatoire pour tous les bateaux de plaisance qui transitent dans la zone, remontant vers le nord au printemps et descendant vers le sud à l’automne.
C’est le cap le plus sud du New Jersey avant de rentrer dans les terres en remontant la DELAWARE BAY et de basculer en son nord avec l’aide d’un canal de liaison, le CD CANAL, dans la CHESAPEAKE BAY. Cette route permet de naviguer longtemps en eaux protégées du mauvais temps éventuel et dans le sud de la CHESAPEAKE BAY, pratiquement tous les bateaux continuent leur route en empruntant l’Intracoastal Water Way jusqu’à MIAMI.

Mercredi 23 septembre 2009
Il a beaucoup plut toute la nuit et ce matin, le réveil est tout aussi arrosé.
Nous larguons les amarres pendant une accalmie à 8H 30.
Nous avons 70 NM à faire aujourd’hui pour rejoindre PHILADELPHIA, grande ville que nous avons décidé de visiter. De plus, après avoir étudié les heures de marées sur tout le parcours, nous avons déterminé l’heure du départ afin de profiter de la marée montante jusqu’à notre destination.
Dans le milieu de la matinée, la pluie fera place à un soleil radieux ce qui rend la navigation plus facile.
Nous profiterons de plus de trois nœuds de courant favorable pour toute notre route. Nous serons très attentifs car le trafic de bateaux de commerce est très dense, ainsi qu’avec les très nombreux bateaux de plaisance qui empruntent cette route. Un chenal commercial est balisé et nous naviguons en limite tribord autant que les fonds nous le permettent. Il est patent que la priorité sur l’eau est au plus gros navire et nous respectons à la lettre ce principe. Tout se déroulera bien.
Nous arrivons à 16H dans les faubourgs de PHILADELPHIA mais il nous faudra plus d’une heure et demie pour atteindre les marinas du centre ville. Nous prenons un mouillage un petit kilomètre après celles-ci pour passer la nuit et nous irons faire la tournée des marinas afin d’avoir une idée des tarifs. Depuis NEW YORK, nous préférons être prudent quant au lieu de notre stationnement. Mais il est incontournable d’être arrêté dans une marina en plein cœur de la ville.

Jeudi 24 septembre 2009
Nous mettons l’annexe à l’eau, nous ne l’avons pas utilisée depuis le début du mois de juin. Nous traversons le fleuve DELAWARE avec prudence car il y a une quantité considérable de détritus et branchages charriés par les courants de marées.
Nous avons trois marinas à visiter. La première où nous nous arrêtons est située contre et en partie sous le pont métallique, Benjamin FRANKLIN qui enjambe le fleuve. Nous sommes relativement mal accueillis par la dockmaster, l’endroit est sale, très bruyant et de plus il n’y a pas de connexion internet. Nous partons vers la seconde marina située après le pont mais elle est très petite et ne nous motive pas. Nous continuons quatre cent mètres plus loin environ et abordons une marina vide.
Seuls, sont accostés, un grand trois mat qui est en fait un restaurant et une boite de nuit, un navire de guerre US qui à participé à la guerre contre les espagnols, entre autres, qui est démobilisé depuis un siècle déjà et qui est aménagé en musée. Un vieux sous marin, démobilisé depuis 1962, « a participé à la guerre froide » du temps de l’URSS.
Le dockmaster arrive avec sa petite voiture électrique. Nous avons devant nous un homme très sympathique qui nous accueille chaleureusement et avec qui nous pouvons négocier le stationnement.
Une fois la décision prise, nous retournons chercher le bateau.
A 13H, nous sommes amarrés au cœur de la ville. Tout est en parfait état. Il nous explique que tous les bateaux sont, soit sortis de l’eau soit partis vers le sud, la saison est terminée et la marina sera démontée courant octobre.
Dans l’après midi, arriverons deux autres bateaux en escale.
Nous partons en reconnaissance au centre ville qui est à cinq cent mètres environ de la marina. Nous passons en premier, à l’Independence Visitors Centre, grand bâtiment moderne dans lequel est centralisée toute l’organisation d’aide aux touristes. Il est situé sur l’Independence Mall autour duquel sont concentrés la majorité des vieux bâtiments historiques construits à partir du début des années 1700. PHILADELPHIA est une ville très visitée car elle est le berceau de la constitution et de la déclaration de l’indépendance des Etats Unis qui a été proclamée le 4 juillet 1776.
En 1787, la constitution américaine y fut élaborée et signée par onze états, constitution qui instaurait un gouvernement fédéral et le partage des compétences.
Après avoir glané les documents indispensables à une bonne compréhension de la ville, nous rentrons au bateau.

Vendredi 25 septembre 2009
Samedi 26 septembre 2009
Dimanche 27 septembre 2009
L’approche de PHILADELPHIA nous a interpelée, mercredi, car pendant plus d’une heure en arrivant par le fleuve, les berges sont occupées par des usines, des raffineries, des terminaux de transit de produits manufacturés et de matières premières et l’aéroport international. De nombreux quais avec des bateaux accostés et des chantiers navals bordent donc le fleuve sur de nombreux kilomètres. De même sur l’eau, nous avons du composer avec un trafic intense de remorqueurs, de barges et de très gros bateaux de commerce.
Je rappelle que les règles de priorité s’appliquent ici à la lettre, c’est toujours le plus petit qui doit le passage !!!!!!!!!!
Mais une fois atteint le centre de la ville, nous retrouvons une ville américaine où les immeubles nouveaux côtoyent les anciens sans complexe.
Le quartier historique où sont restaurés les vieux immeubles du XVIIIe siècle qui a vu la naissance des Etats-Unis d’Amérique. Les américains parlent « du kilomètre carré le plus historique des Etats-Unis ». Il a été élevé de nombreux immeubles modernes au milieu de ceux construits au début du siècle dernier.
Le quartier ancien, contigu au sud du précédent, est bâti de petits immeubles de un ou deux étages maximum, alignés dans de charmantes petites rues très ombragées.
Toutes les maisons ont conservées amoureusement les lustres du passé. Il est, fréquemment indiqué, la date de construction et le mon du propriétaire originel sur la façade. Elles ont toutes conservées, en pied de façade sur le trottoir, les trappes d’accès à la cave pour les livraisons de bois puis de charbon.
Samedi pour déjeuner, nous irons dans le grand marché couvert pour déguster une délicieuse omelette enrichie dans un restaurant amish. De nombreux stands de vente de fruits et légumes sont tenus par les adeptes de ce mode de vie. Une importante communauté est implantée depuis près de deux siècles dans le conté de LANCASTER situé à une cinquantaine de kilomètres d’ici.
Le lundi, après nous être levés de bonne heure pour aller visiter le PHILADELPHIA MUSEUM OF ART, nous prenons un taxi. Nous arrivons devant un gigantesque et très bel ancien bâtiment pour y trouver portes closes. C’est jour de fermeture et le taxiteur s’est bien gardé de nous en informer, il a fait sa course.
Nous prenons le chemin de retour vers le centre ville en descendant THE BENJAMIN FRANKLIN PARKWAY, un grand boulevard très arboré autour duquel sont implantés le Musée RODIN, fermé c’est lundi, mais nous y visiterons la FREE LIBRARY, la bibliothèque locale, le FRANKLIN INSTITUTE, le musée des technologies, THE CITY HALL, la marie de la ville et de nombreux autres bâtiments remarquables.
Nous nous arrêterons déjeuner au marché couvert, mais nos amis(h) ne sont pas là le lundi et nous gouterons aux sandwiches américains achetés dans un stand devant lequel la file d’attente s’était formée. Des tables libres offertes pour être utilisées par tout le monde nous accueillent et nous nous coulons dans le paysage américain. Les sandwiches avec de la viande de beef étaient très bons.
Notre promenade digestive nous conduit visiter un lieu qu’il aurait été stupide d’ignorer, THE KIMMEL Center for the Performing Arts qui abrite le mondialement connu l’Orchestre Philarmonique de PHILADELPHIA. Nous sommes devant un splendide bâtiment moderne, une œuvre architecturale majeure produite par l’architecte Rafael VINOLY. C’est un immense demi-tonneau couché, dont la paroi est toute en verre, sur une ossature en arcs métalliques sans poteau intermédiaire. Les deux extrémités sont constituées de murs rideaux en verre souple, supportés par des câbles qui peuvent se déformer de quatre vingt centimètres dans les deux sens sous l’action des vents de tempêtes.
L’intérieur est occupé par deux volumes distincts, de formes cubiques modernes et avec des matériaux naturels, l’un abritant un théâtre et l’autre la salle de concert.
En sortant du KIMMEL, le téléphone sonne et avons la surprise de parler à ELISABETH qui s’exprime en français, une charmante américaine que nous avions rencontrée en mai lors des fiestas de BEAUFORT avec son mari DONALD. Nous leur avions envoyé un courriel pour leur indiquer notre présence dans leurs murs.
Ils nous invitent à partager le repas du soir et viennent nous chercher à la marina à 16H 30. Nous partons chez eux sous un orage dantesque mais en toute sécurité, DONALD conduit prudemment mais nous sommes à bord d’une voiture de marque VOLVO, un peu de chauvinisme pro européen ne peut pas faire de mal.
Ils habitent dans une jolie maison à une trentaine de kilomètres de la marina dans un quartier très vert. Ils invitent un couple de voisins, parlant français et étant architecte tous les deux. Nous passerons une soirée très conviviale en mélangeant les deux langages afin de peaufiner nos pratiques respectives.
Nous serons de retour au bateau vers 22H et nous nous promettons de nous revoir.

Mardi 29 septembre 2009
Cette matinée sera consacrée à faire l’avitaillement du bord, nous nous souvenons qu’il n’est pas facile de faire des achats à ANNAPOLIS, notre prochaine étape.
Je contrôle également les niveaux d’huiles des moteurs et des transmissions et de l’eau. J’ai pris l’habitude de faire ces opérations tout les lundis ou avant chaque départ après un long arrêt.
Nous larguons les amarres après déjeuner pour une petite étape de trente miles qui nous mène devant l’embouchure du CD CANAL. Il a plu une partie de l’après midi et nous avons eu un vent de nord ouest par le trois quart avant droit, avec des rafales jusqu’à 60 kms/heures levant un fort clapot auquel nous n’étions plus habitués. L’avantage du trawler est dans ce cas réel. Nous sommes au chaud et au sec. Nous passerons une nuit calme mouillés à l’abri sur un bras de rivière.

Mercredi 30 septembre 2009
Départ relax passé 9H ce matin pour une autre petite étape de trente miles. Nous franchirons le CD CANAL, canal artificiel qui a été construit pour relier les deux baies, celle du CHESAPEAKE et celle du DELAWARE. Cela évite un grand détour en mer pour tous les bateaux, principalement ceux de la marine marchande au début du projet.
A la sortie du canal, nous jetons l’ancre dans une crique abritée du vent, toujours aussi puissant qu’hier. Nous déjeunons puis partons vers un meilleur abri car ici, nous avons une houle résiduelle qui fait rouler NA MAKA.
J’ai repéré sur la carte, à une heure d’ici, une rivière sinueuse avec assez d’eau pour nous accueillir. Nous y arrivons, non sans avoir été secoués par ce fort vent et le clapot qui va avec et trouvons un havre sans une ride sur l’eau. Nous stoppons dans un méandre devant une petite plage de sable roux.
Depuis la sortie du CD CANAL, le paysage a totalement changé, la végétation est différente et nous sommes de retour dans cette grande baie qui nous ouvre la porte du sud. Elle fait plus de cent cinquante kilomètres de long par vingt de large.

Jeudi 1er octobre 2009
Départ vers 9H ce matin après une bonne nuit de calme.
Nous partons pour une petite étape de 40 NM qui va nous conduire jusqu’à ANNAPOLIS. J’avais peur d’avoir le même vent qui hier avec un clapot désagréable de trois quart avant. Le vent daignera rester modéré et orienté plus au nord, avec notre route qui s’infléchi plus directement vers le sud, la navigation se fera sans soucis.
Nous prendrons un mouillage dans une petite baie proche de la ville, devant le chantier BURR YACHT SALES, le dealer FLEMING de la côte Est des US.
J’y suis déjà venu avec CLAUDE lors de notre montée en mai dernier, mais Agnès ne connaissait pas le bateau qui pourrait nous intéresser en remplacement de celui-ci. La baie est bien protégée des vents dominants.
Nous passerons l’après midi dans le bateau dont l’achat est projeté.

Vendredi 2 octobre 2009
Nous allons passer deux semaines à ANNAPOLIS car nous avons de nombreuses actions à mener. Nous devons voir le dealer BENETEAU pour discuter avec lui de l’opportunité de la vente de notre canot, nous avons des petits soucis techniques à faire réviser dans le cadre de la garantie et l’incontournable avitaillement.
Nous savons, pour avoir eu des difficultés en mai, qu’il n’est pas facile de faire ses courses ici. Les "food-stores" sont situés très loin du centre ville.
Nous voulons visiter l’ANNAPOLIS POWER BOAT SHOW qui se déroule du 15 au 18 octobre, puis nous pensons rentrer un mois à la maison. Ce salon est spécialisé dans les trawlers, alors il nous intéresse tout particulièrement.
En fin d’après midi, nous partons pour passer la fin de semaine dans un mouillage style trou a cyclone que est à un mile d’ici.
L’endroit est magnifique, un petit bras d’eau qui serpente entre de belles demeures et parfaitement abrité. Nous ne verrons pas une ride sur l’eau des deux jours.

Semaine du 5 au 11 octobre 2009
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » comme disait Mr
Depuis que nous avons commencé les démarches afin de changer de canot,
NA MAKA n’est pas contente et nous le fait savoir.
Dans l’ordre des catastrophes à résoudre,
Jeudi matin, premier signe d’énervement de la belle, elle sent la traitrise des propriétaires, l’électronique tombe en panne.
Vendredi matin à l’aube, bain forcé à 8H afin de démêler l’orin qui était coincé dans une hélice, et de deux. L’orin étant le cordage accroché à l’ancre au bout du quel est attaché un flotteur pour signaler notre mouillage. Le vent ayant tourné durant la nuit, elle est passée sur l’orin et l’a embarqué.
Mardi matin, en sortant du mouillage situé devant l’US NAVY ACADEMY, afin de rentrer dans un bras d’eau très abrité en plein centre, la pièce de jonction entre l’ancre et la chaine casse. Agnès voit disparaitre une ancre de 300 € au fond de l’eau sans possibilité de plonger pour aller la chercher. De plus, c’est l’une des rares nuits où l’on n’a pas mis l’orin !!!!!!!!!, mais heureusement que nous en avions trois ancres à bord. Agnès conduit le bateau sur un bord au large dans la baie pendant que j’installe une nouvelle ancre, et de trois
Jeudi matin, le vent se lève vraiment très fort et du sens opposé à celui de la veille quand nous avons jeté l’ancre. Etant dans un endroit très étroit et avec beaucoup de bateaux au mouillage, à cause des boat show, le dockmaster nous demande de mettre deux ancres afin d’empêcher le bateau de tourner. La manœuvre est réussie pour nous, mais nous nous retrouvons ce matin avec un gros voilier américain qui lui n’est ancré que sur son mouillage principal et qui vient escalader le câblot de notre ancre secondaire. Après moultes palabres en américain, nous décidons de partir, car je ne suis quand même pas sur de la tenue du câblot et de cette petite ancre légère en aluminium devant la puissance du vent qui augmente régulièrement et qui dépasse les 35 KN. L’américain nous aide à lever notre mouillage secondaire et je tiens le bateau face au vent à l’aide des moteurs. Avec le concours d’Agnès depuis le bord, nous rentrons tout ça sans problème et partons prendre une bouée devant la place du village et du port, zones qui sont réquisitionnées pour les salons nautiques de ces prochains jours. Sans être une catastrophe, c’est un souci de plus que de faire des manœuvres dans un mouchoir de poche avec beaucoup de vent, donc et de quatre.
Nous implorons la déesse de la mer et lui promettons de ne pas nous séparer d’elle tout de suite.
D’autres bateaux sortent du même endroit que nous pour prendre bouée. A bord de notre annexe, je vais prêter main forte à un couple québecquois sur un voilier qui a des difficultés à prendre une bouée avec ce fort vent.

Semaine du 12 au 18 octobre 2009
Nous partirons passer trois jours au calme dans notre mouillage préféré de HARNESS CREEK.
Nous nous arrêtons pour charger du carburant dans une petite marina qui est à proximité. Je me renseigne auprès du dockmaster sur le prix et la possibilité de laisser le bateau pendant le temps de notre retour à la maison. Il me répond qu’il n’y a pas de place disponible.
Un américain, Jef, qui faisait également du fuel avec son bateau m’interpelle et me propose de laisser le bateau accroché à son quai privé.
Je pars avec lui afin de visiter le site et de contrôler la faisabilité de sa proposition. Ayant accepté sa proposition, il me raccompagne au bateau à bord de son véhicule. Nous sommes une nouvelle fois accueillis avec beaucoup de chaleur par nos hôtes américains. Jef nous invite gracieusement chez lui et n’acceptera pas que nous parlions argent.
Le mauvais temps se précise pour le jeudi 15 et nous décidons de nous réfugier chez Jef. Avant d’arriver chez lui, il faut passer sous un pont fixe très bas. Je vais mesurer la hauteur libre à marée basse et je constate que nous avons dix centimètres de marge.
Les heures de marées font que nous allons passer à la tombée de la nuit, je pilote le bateau depuis le fly bridge afin de mieux maitriser l’approche et le passage sous ce pont. Je suis à genoux afin de ne pas y laisser ma tête et nous passons avec cinq centimètres de marge. Dix minutes plus tard nous sommes amarrés confortablement au quai de Jef devant une jolie villa qui nous protège du vent dominant de nord-est.
Le jeudi soir, nous invitons Jef à notre bord pour un apéritif dinatoire afin de faire connaissance. Nous lui offrons quelques bouteilles de vin de nos grands crus en remerciement, ce qui semble lui procurer un grand plaisir car il aime beaucoup la France pour y avoir fait plusieurs séjours. J’ai la surprise de constater que nous sommes confrères, il travaille dans une agence familiale d’architectes à WASHINGTON. Le monde est plein de rencontres agréables et surprenantes.
A partir du lendemain et pendant quatre jours, il pleut à boire debout avec un fort vent de nord. L’hiver arrive.
Nous passerons une seule journée au salon nautique des bateaux à moteurs afin de prendre connaissance de la production américaine des trawlers.
Nous louons une voiture et le dimanche 18, avec le soleil de retour, nous partons vers MONTREAL. Nous avons pris la précaution de demander un GPS au loueur et cela nous simplifiera le parcours au maximum. C’est la première fois que j’utilise cet appareil et j’avoue que c’est génial.
Nous arriverons le lundi midi à BURLINGTON VT, où nous laisserons la voiture et continuons en autobus jusqu’à MONTREAL qui est distant de cent kilomètres.
Ce changement de moyen de transport est nécessaire car nous ne pouvons pas sortir du territoire américain avec une voiture de location.
Sylvain vient nous chercher à la gare routière vers 5H.
Nous retrouvons avec plaisir notre petite famille québécoise. Nous constatons que le petit bout de chou que nous avions laissé fin août s’est transformé en petit garçon de plus en plus dynamique.
La veille de notre départ, nous avons droit à la première chute de neige de l’hiver.
Le vendredi 23 octobre, nous prenons l’avion qui nous ramène sur cette terre pour y revoir ma pincée de tuiles.

NEW YORK

Mercredi 16 septembre 2009
Nous venons de passer la plus mauvaise nuit de l’année. Le trafic, quoique moins intense durant la nuit, les marées avec la renverse du courant de près de quatre noeuds toute les six heures ont eu raison de notre sommeil.
Au matin, après avoir consulté mes cartes électroniques qui donnent les numéros de téléphones des marinas alentours, j’appelle deux de celles-ci afin de connaitre leurs disponibilités et les tarifs de séjour. Ils peuvent nous recevoir mais les prix annoncés sont prohibitifs, 4 à 5 USD le pied par jour ce qui fait pour nous entre 160 et 200 USD par jour. Nous pensions qu’étant à NEW YORK, les tarifs seraient hauts mais pas à cette altitude là.
Mais ayant pris la décision de ne pas rester une nuit de plus dans ce mouillage infernal, nous décidons de partir.
En premier lieu, nous allons à deux cent mètres voir dans la marina qui gère les bouées de ce mouillage. Nous prenons un ponton avec l’aide du dockmaster.
Celui-ci me demande quel est le tirant d’eau de notre bateau et il nous précise que nous risquons de nous poser dans la vase à marée basse. Je pige la hauteur d’eau que nous avons sous le bateau et après de savants calculs, nous décidons de ne pas rester là. Je ne veux pas prendre le risque de tordre les deux hélices.
En nous dirigeant vers la principale marina qui est sur la rive ouest de l’HUDSON RIVER, très protégée et proche de la statue de la Liberté, j’avise sur notre gauche une marina dans laquelle est stationnée quelques gros yachts et d’autres bateaux.
Après appel par la radio VHF et entretien avec le dockmaster, nous accostons à un ponton où il nous prend les amarres.
Nous nous faisons préciser le coût journalier de notre séjour et finissons par nous mettre d’accord sur une somme de 150 USD payé en cash. Nous avions décidé de passer deux semaines à NEW YORK, nous n’y resterons qu’une.
Notre installation terminée, nous partons à l’assaut de cette mystérieuse mégalopole. Le côté positif de cette marina est qu’elle est sur la rive Est et nous avons directement accès à MANHATTAN. Nous sommes arrêtés à CHELSEA PIER 9 SOUTH devant la 17th Street.
Il est relativement facile de se situer dans la ville car les rues sont Est/Ouest et les avenues sont Nord/Sud. De plus, nous partons avec le guide bleu des USA en poche.
Notre première journée sera consacrée à la visite de MANHATTAN. Nous descendrons jusqu’à GROUND ZERO en empruntant la 6th Avenue appelée LAS AMERICAS puis en suivant BROADWAY, la célèbre avenue sur laquelle il y a les plus grands music-halls.
GROUND ZERO est un immense chantier à ciel ouvert. Il n’y a plus aucune trace de l’effroyable drame du 11 septembre 2001. La construction de cinq tours est programmée avec un terminal de métro comprenant une interconnexion des circuits pédestres entre les rues, les grands immeubles et les traversiers et ferry du fleuve.
La plus grande tour s’élèvera à 1776 pieds soit 533 m. les autres tours auront des hauteurs moins importantes mais la plus petite fera tout de même 947 pieds soit 285 m. Le plan de masse conserve l’empreinte des deux tours abattues dans un ensemble d’espaces verts communs.
En bordure de ce lieu, un centre d’accueil a été bâti dans lequel sont conservées de nombreuses reliques ainsi que des photographies en témoignages des victimes mais également des sauveteurs.
Durant l’après midi, nous remonterons jusqu’à la marina en passant pas les quartiers chinois et italien.
Dans CHINATOWN, il y a un extraordinaire fourmillement humain. Tous semblent affairés sans que rien d’autre ne compte, ils avancent têtes baissées avec frénésie dans l’accomplissement de leurs taches.
Nous sommes souvent interpellés afin de pénétrer dans des échoppes pour acheter je ne sais quel objet inutile. Nous résisterons bien fièrement.
Nous pénètrerons tout de même dans un temple qui est en fait une boutique qui héberge plusieurs statues de bouddha et autres objets de culte, à vendre.
Puis quelques longueurs de trottoirs plus loin, nous pénétrons dans le temple bouddhiste qui abrite le plus grand Bouddha existant en Amérique du Nord. Nous sommes autorisés à rentrer mais sans prendre de photographies et assistons à un culte bouddhiste dit par plusieurs moines devant une petite assemblée de fidèles.
Une rue plus loin, c’est LITTLE ITALY, le quartier italien qui semble mal résister à la pression asiatique. C’est la semaine de la fête annuelle pour la communauté italienne. La rue principale, MULBURRY Street est fermée à la circulation automobile et des stands de vente de cadeaux souvenirs, de nourritures et les nombreuses terrasses des restaurants occupent tout l’espace sur plus d’un kilomètre.
Il y a là un mélange d’italiens immigrés depuis longtemps mais qui ont gardé la mélancolie de leur pays. Ils sont habillés typiquement avec leur costume et le couvre chef noirs et ont le comportement et le parlé jubilatoire de la méditerranée. Nous croisons quelques figures légendaires à la « AL CAPONE » et beaucoup de jeunes qui veulent se couler dans le tableau traditionnel mais qui n’ont plus l’accent,
ils parlent l’anglais !
Nous sommes invités, tous les dix mètres à entrer pour déguster les meilleures pates ou pizza de NEW YORK mais ce n’est pas encore pour nous l’heure du souper.
Les américains sont attablés à partir de 17H et les restaurants sont généralement fermés vers 21H. Nous conservons notre habitude de prendre les repas à nos heures contractuelles.
Nous sommes de retour au bateau vers 19H, fourbus et bien content de reposer nos jambes et nos pieds. Nous venons de parcourir prés de huit kilomètres.
Cette nuit sera la bienvenue dans un calme relatif. La marina est en prise directe avec le fleuve mais bien mieux protégée que le mouillage. Le trafic y est moins sensible même si parfois nous ressentons quelques vagues amorties provenant de bateaux dont le pilote est peu soucieux des riverains.

Jeudi 17 septembre 2009
Un copieux petit déjeuner sera englouti avant de nous lancer à l’assaut de notre seconde journée. Sur le conseil de plusieurs de nos amis, nous avons décidé d’aller visiter le MOMA, Le Musée d’Art Moderne.
Prudents, car nous pensons que cette journée mettra à rude épreuve nos mollets, nous partons en taxi.
Nous avons beaucoup de chance car nous y arrivons à 10H et le musée ouvre dans une demi-heure, la file d’attente devant les guichets d’entrée est réduite et dès 10H 45 nous serons dans la première salle.
Nous commencerons par les œuvres d’arts des XIX et XX siècles qui occupent deux niveaux. Le design et l’architecture seront consciencieusement auscultés et pour cause. Nous visiterons les salles dans lesquelles sont exposées des maquettes de projets faits par de grands architectes à travers le monde. Nous finirons par les œuvres d’arts contemporaines.
La diversité des œuvres exposées aux yeux du public est extraordinaire et il est nécessaire d’y consacrer plus d’une journée pour pouvoir en apprécier la richesse.
Nous sommes étonnés de voir de nombreuses personnes se faire prendre en photographie devant les œuvres les plus connues, telle le portrait remasterisé en couleur de MARYLIN MONROE par ANDY WARROL ou quelque bronze de RODIN.
En sortant du MOMA, nous avons repris notre errance dans les rues de « la grande pomme ». Nous avons flânés sur la 5th Avenue et vu toutes les boutiques des plus grandes marques du monde, toutes très richement décorées et dans les immeubles les plus connus, soit anciens ou plus récents.
Nous passerons au pied du CHRYSLER BUILDING et quelques blocs plus loin, nous ne résisterons pas à monter jusqu’au sommet de l’EMPIRE STATE BUILDING.
Nous avons pris trois ascenseurs successifs afin d’atteindre le dernier étage visitable, le 102ième qui culmine à 1250 pieds soit à 375 mètres du sol environ. La vue est exceptionnelle, on embrasse NEW YORK et ses banlieues sur près de cent cinquante kilomètres à la ronde, théoriquement.
Nous rentrerons jusqu’au bateau à pieds en empruntant BROADWAY Avenue.
Nous sommes enthousiasmés par la qualité de l’accueil que nous recevons partout, notre élocution anglaise n’étant pas bonne mais nous serons toujours renseignés avec gentillesse. Nous remarquons la propreté de la ville, nous ne serons jamais importuné par des vendeurs des rues ni par des mendiants, au demeurant très peu présents. Il est vrai que nous sommes dans des quartiers plus tôt touristiques et qui sont bien surveillés par la police municipale.
Nous rencontrons de nombreux touristes que nous reconnaissons simplement par le fait que nous nous promenons tous avec un guide et un appareil photographique. Hormis ces signes extérieurs, nous serions incapables de distinguer la nationalité des passants. C’est une grande ville très cosmopolite où les personnes, leurs comportements et leurs tenues vestimentaires sont branchées. C’est la première fois que nous ne pouvons pas faire la différence entre un américain et un européen, contrairement aux villes plus au sud que nous avons traversées.

Vendredi 18 septembre 2009
Dès le départ de la marina, nous prenons un taxi pour aller jusqu’au Métropolitan Muséum of Art appelé THE MET. Le taxi nous déposera sur PARC AVENUE et nous traverserons dans le sens de la largeur ce célèbre espace vert situé en plein cœur de la ville qui a été créé dans les années 1860 et fait huit cent mètres de large sur quatre kilomètres de long.
Ce magnifique musée, construit en plusieurs étapes à partir de 1870 dans un style néo gothique puis agrandi lorsque les donations de collections d’objets d’art ne trouvaient plus de place en exposition. Il est situé en bordure de la 5th Avenue et empiète sur CENTRAL PARC.
Lorsque l’on entre dans la galerie principale d’accueil du musée, on est écrasé par le gigantisme de ce bâtiment. De grandes colonnes soutiennent de grandes arcades formant les plafonds avec un dôme central qui éclaire naturellement l’intérieur.
A 10H du matin, il y a déjà une foule énorme. Nous remarquons que des visites guidées d’une heure du musée sont proposées gratuitement et dans une demi-heure nous en avons une en français. Nous nous présentons au point de rendez-vous. Quelques minutes plus tard, nous voyons arriver notre guide, une charmante personne, Nicole, française expatriée depuis longtemps et mariée avec un américain. Nous sommes seuls et partons donc visiter le musée.
Ayant une heure à nous consacrer, en fait elle restera deux heures avec nous, et n’ayant pas le temps de tout voir, elle nous propose une sélection d’une dizaine d’œuvre, tant de sculptures que de peintures ou d’objets archéologiques découverts dans des fouilles. Elle nous en expliquera la genèse, ce qu’il faut y lire et l’histoire de l’œuvre.
Nous sommes ébahis par les explications données par cette érudite, nous découvrons à chaque explication les vertus de l’œuvre et le message inscrit par l’artiste dans la matière. Nous n’avions jamais regardé une œuvre en y recherchant les divers angles de visions proposés.
Après avoir déjeuné à la cafétéria du musée, nous poursuivons la visite seuls.
Nous voyons beaucoup d’œuvres d’arts antiques de l’Egypte, de l’Asie, du moyen et proche orient Nous avons pu voir de nombreuses sculptures de RODIN.
L’impressionnante quantité d’œuvres exposées, plus de trois millions, demande plus d’une journée de visite à consacrer à leur découverte.
En fin d’après midi, nous sommes repartis à pieds en traversant CENTRAL PARC.
Nous sommes surpris du nombre considérable de citadins qui font leur sport quotidien en courant dans le parc, en y faisant du vélo, du skate, du roller et en jouant sur les grandes pelouses à tous les sports collectifs. En cette belle fin de journée, les gens viennent pique niquer en groupes sur les pelouses.
Nous y croisons également beaucoup de nounous latinos avec les enfants qu’elles gardent en se promenant ou en discutant avec leurs consœurs. De nombreux jeux dans des jardins d’enfants sont à leur disposition.
Dans CENTRAL PARC règne une belle ambiance de joie et de fraternité.
Nous prendrons un taxi pour rentrer à la marina, car nous avons du faire aujourd’hui encore plus de six kilomètres à pieds, nous sommes fourbus.

Samedi 19 septembre 2009
Après un conseil d’administration à bord, nous avons admis que de passer quatre jours ici n’était pas suffisant pour ressentir plus finement les palpitations de la ville. Comme nous ne pouvons pas rester plus longtemps stationnés dans cette marina au tarif prohibitif, nous décidons de partir demain après midi.
Cette journée sera consacrée à une grande promenade sans but précis.
Nos pas nous amènerons jusqu’à UNION SQUARE, nous y trouverons un marché de plein air où de nombreux agriculteurs producteurs viennent y vendre leurs produits. Le samedi matin, il semblerait que les habitants des quartiers alentours en profitent pour venir chercher des produits frais dans une ambiance très villageoise. Il fait un soleil splendide et cela en rajoute à ce parfait tableau. Les couleurs chatoyantes et les odeurs gourmandes nous apparaissent anachroniques dans ce centre ville très minéral. Il plane dans l’air une légèreté de bon aloi, les gens à la mine joyeuse déambulent entre les stands de vente débordants de produits frais.
Nous reprenons notre errance en descendant BROADWAY jusqu’au quartier russe que nous ne trouverons pas.
Nous déjeunerons en terrasse d’un restaurant typiquement américain, non pas dans un fast food, mais un établissement où l’on vous sert un grand plat principal bien copieux en buvant le breuvage national, la bière à la pression. Nous éviterons de prendre des cafés servis dans de grandes tasses, Agnès n’appréciant pas leur goût de lavasse. Le soleil nous réchauffe un peu trop sévèrement et l’ombrage des arbres sera le bien venu lors de notre marche dans ce quartier très animé d’EST VILLAGE.
Nous emprunterons les petites rues « européennes » des quartiers de GRENWITCH VILLAGE, de SOHO et de WEST VILLAGE en remontant vers la marina en fin de journée. Ce sont des dédales de rues qui ne se croisent pas souvent à angle droit, comme la quasi-totalité des rues aux ETATS-UNIS. On se retrouve dans les rues ombragées avec peu de circulation automobile mais avec beaucoup de piétons en vadrouille. Nous en viendrons à nous y perdre, malgré l’aide du guide.
Nous prendrons un rafraichissement en terrasse d’un restaurant vers 5H qui est l’heure ou la majorité des gens se mettent à table pour souper.
Nous rentrons nous reposer au bateau. Nous sortirons diner en ville pour notre dernière soirée dans cette mégalopole qui nous plait beaucoup et où nous nous promettons de revenir. Le guide Bleu nous recommande un petit restaurant agréable non loin de la marina. Nous allons faire plusieurs allé retour dans la rue indiquée pour arriver à la conclusion que le restaurant n’existe plus.
Il y a à la place un immeuble à l’architecture moderne qui est entièrement occupé par la marque APPLE. Les salles de montres sont violemment éclairées et une foule y grouille bruyamment. Nous y pénétrons car j’aperçois un escalier d’accès aux deux étages supérieurs qui stupéfait l’œil de l’architecte.
C’est un imposant escalier, le noyau central, les marches et les gardes corps sont en verre transparent. Les liaisons et fixations de cet ensemble sont constituées de pièces en inox poli d’un design très élaboré. Il fait plus de six mètres de diamètre. Nous l’empruntons uniquement pour apprécier de près cette pièce d’art moderne. C’est simplement magnifique. L’ensemble de la décoration des lieux est d’un minimalisme total. Bravo pour cette réalisation.
Nous souperons à deux pas dans un restaurant à l’ambiance cubaine très décontractée et il nous sera servi un repas « localement cubain » très savoureux.
Nous rentrerons à la marina en empruntant une passerelle métallique d’une quinzaine de mètres de large environ et à vingt mètres du sol. Elle serpente entre de nouvelles constructions et des immeubles d’anciens docks sur plus d’un kilomètre. Elle est très aménagée avec des bancs de repos disséminés au milieu de jardins suspendus et les revêtements de sols font alterner du bois et de la pierre avec des insertions en inox. Les éclairages sont également très étudiés et donnent une ambiance très sympathique au lieu qui pourrait être très austère de prime abord. Notre dernière nuit à bord sera très calme, nous sommes un samedi soir et il y a très peu de trafic sur le fleuve durant les fins de semaines.

Dimanche 20 septembre 2009
Cette matinée est consacrée à faire l’avitaillement du bord et au contrôle du bateau. La veille, nous avions repéré un super marché pas trop éloigné de la marina, où nous avions fait des premiers achats. Nous complétons la liste sans oublié un pack de bières car le stock du bord est épuisé. Sans en consommer une quantité astronomique comme les locaux, c’est la boisson que nous buvons couramment à bord durant les repas, hormis l’eau. Elle est moins chère que le vin.
Vers 14H, après déjeuner, nous larguons les amarres avec regrets. Découvrir cette ville en si peu de temps nous laisse vraiment le sentiment d’être passé à côté de beaucoup de choses et de ses habitants.
Nous descendons le fleuve en direction du sud en passant devant la statut de la Liberté. Nous slalomons entre les barges et les bateaux de commerces mouillés dans la baie et prenons la direction de notre prochain arrêt pour y passer la nuit avant de basculer vers le NEW JERSEY.
SANDY HOOK est une station balnéaire au fond de la baie de NEW YORK et le mouillage est particulièrement abrité quelque soit la direction du vent.
Arrivé à destination, nous suivons un chenal balisé; puis je veux nous installer dans un bras secondaire entre les bancs de sables. La zone n’est pas balisée et nous y entrons les yeux rivés sur le sondeur car à cet instant il n’y a pas de bateau local qui pourrait nous indiquer la route. De plus à une centaine de mètres devant nous, il y a un motor yacht les hélices en l’air. Il s’est posé sur un banc de sable et avec la marée basse, le bateau est totalement hors de l’eau. Il attendra sagement que la marée montante le remette à flots. Nous prenons notre mouillage avec circonspection quant à la zone d’évitement que j’espère suffisamment profonde.
De fait, tout se passera bien et au matin, nous sortirons par une autre passe que nous avons repéré au départ des nombreux bateaux venus passés leur dimanche dans cette partie calme de la baie de NEW YORK.

MONTREAL / NEW YORK

Samedi 22 août 2009
Voilà arrivé le jour du départ pour nos nouvelles divagations nautiques dans ce monde d’eaux douces à l’intérieur d’un magnifique pays.
Nous venons de passer sept semaines à MONTREAL et il faut aujourd’hui partir.
Il faut, non, mais nous avons décidé de reprendre notre voyage.
C’est avec le cœur serré que nous larguons les amarres du Yacht Club de MONTREAL.
Il est 9H quand nous quittons pour aller à 1 NM de là, à la marina de SOREL qui est sur l’autre rive du fleuve Saint Laurent afin de charger du carburant.
Nous remontons le fleuve sur 3 NM pour prendre « la voie maritime » où nous devons franchir deux écluses au gabarit PANAMAX.
Nous attendons trois heures à la première écluse de Saint Lambert avant d’être invité à passer. Il nous est indiqué que l’autre écluse nous attend pour passer et que l’on doit y aller très vite. Mais la vitesse sur la voie maritime est limitée à 10 NM mais nous sommes autorisés à ne pas en tenir compte. Nous sommes quatre bateaux à passer ensemble et à partir à bonne vitesse. Nous arrivons les derniers car les autres bateaux sont partis à près de 30 N. Nous suivons avec une vitesse exceptionnelle de 19 N, première fois que cela nous arrive, mais les éclusiers nous attendent, les autres les ayant prévenus de notre arrivée imminente.
Nous retrouvons le fleuve quelques milles après la seconde écluse de Sainte Catherine. Son cours est plus tôt calme ce qui nous permet d’admirer le paysage, particulièrement en traversant la réserve KANAWAKE.
Nous atteignons une nouvelle écluse, Sainte Anne qui nous permet d’accéder au « lac des deux montagnes ».
A 17H 30 nous prenons notre premier mouillage dans une petite crique en bordure de la rivière que nous remontons. L’eau est calme au possible, chaude, 26° et seule la fatigue de la première journée de navigation est un frein à la baignade.

Dimanche 23 août 2009
Nous dormons comme des bébés pour cette nuit sur l’eau et après le petit déjeuner, nous reprenons la navigation en remontant la rivière jusqu’à la prochaine écluse, CARILLON. Nous avons une belle chance d’arriver au moment où en sortent deux bateaux et nous entrons dans cette gigantesque écluse sans attente.
C’est la première écluse qui est équipée d’une porte à guillotine de 180 tonnes. Le bassin contient 18 000 m3 d’eau et nous montons de 65 pieds, soit 20 m pour atteindre le bassin versant dans lequel abouti la rivière OUTAOUAIS. L’écluse jouxte un grand barrage hydroélectrique géré par l’entreprise d’état HYDROQUEBEC.
Nous atteignons la marina de MONTEBELLO à 13H 30, marina où nous avons rendez vous avec nos amis québécois, FRANCE et OVILA.
Ils arrivent vers 19H en provenance d’OTTAWA où ils ont passé quelques jours de vacances mais où ils ont attendu de longues heures afin de descendre huit écluses consécutives avec leur bateau.
Nous soupons ensemble au restaurant extérieur du bel hôtel quatre étoiles jouxtant la petite marina et passons une très agréable soirée.

Lundi 24 août 2009
Ayant décidé d’aller faire une randonnée à cheval ce matin, je pars réserver pour quatre personnes de 11H à 12H. Mais nous jouons de malchance car la matinée est déjà réservée et nous ne pourrions monter qu’à partir de 13H. Malheureusement, nos amis sont obligés de partir vers 14H au plus tard car ils ont l’écluse de CASTILLON à passer avant 16H. Nous décidons de nous prélasser dans le jacuzzi extérieur de l’hôtel en sirotant une petite collation.
Nous prenons un dernier petit repas vers midi avant de reprendre la rivière en sens opposé. Nos amis rentrent à MONTREAL et nous continuons jusqu’à OTTAWA.
A 14H, nous sortons ensemble de la petite marina de MONTEBELLO après de longues embrassades d’au revoir avant d’embarquer et de grands moulinets de bras depuis nos bateaux qui s’éloignent en sens opposé.
Nous nous arrêtons vers 16H à quelques encablures de notre destination et accostons un ponton privé après y avoir été invité par le propriétaire. Nous échangeons verbalement quelques bribes de nos navigations respectives et passons une douce nuit dans un endroit champêtre très calme au fil de l’eau d’une rivière apaisée.

Mardi 25 août 2009
Nous prenons notre déjeuner au petit matin ensoleillé et reprenons notre route maritime vers 10H après avoir chaleureusement remercié notre hôte.
Nous avons été prévenu que l’arrivé à OTTAWA n’était pas une sinécure. Nous avons à franchir un dénivelé de plus de vingt cinq mètres en empruntant un bief de huit écluses successives. Ce passage peut durer plusieurs heures entre l’attente et les manœuvres.
Nous sommes à midi au pied des écluses et passé le moment de manœuvrer pour accoster le quai d’attente qu’un préposé de « Parcs Canada » vient à notre rencontre et nous demande de lâcher le mur et de nous mettre en position d’entrée dans l’écluse. Ce disant la porte de celle ci s’ouvre et un bateau en sort. Nous y entrons tout de suite après et l’ascension commence. Nous serons au quai d’accueil en haut du bief une heure et demie plus tard. Je crois que nous allons faire des jaloux parmi nos amis navigateurs québécois. La montée de ces huit écluses est un vrai spectacle pour les terriens car il y a eu un grand nombre de spectateurs tout au long du parcours. De plus, nous sommes accostés par beaucoup de gens en voyant notre drapeau français flotter sur un bateau de marque inconnue inconnu pour les amateurs. Nous expliquons rapidement notre voyage après de nombreuses questions et nous les laissons sur le quai avec des rêves pleins la tête.
Ayant acheté un passe qui nous laisse peu de temps pour parcourir le canal RIDEAU, le préposé de l’écluse de Sainte Anne nous ayant donné des explications incomplètes, l’éclusier avec qui nous parlons compati et ne nous enregistre pas notre passage, ce qui nous laisse quatre jours pour franchir les 48 écluses à venir.
Le canal RIDEAU, du nom du voile d’eau créé par les chutes de la rivière RIDEAU, est long de 202 kms et serpente au travers du plateau OUTAOUAIS entre lacs, canaux et rivières en direction du sud et rejoint la ville canadienne de KINGSTON au bord du fleuve Saint Laurent à son débouché sur le lac ONTARIO.
Il a été construit entre 1827 et 1832 par un ingénieur militaire anglais le lieutenant colonel JOHN BY afin d’acheminer les troupes et le ravitaillement en cas de conflit avec les Etats-Unis, conflit larvé permanent après la guerre de 1812. Il permettra par la suite le commerce entre les villes et provinces de QUEBEC et MONTREAL, le lac ONTARIO et le haut CANADA. Il n’est utilisé, actuellement, que par la navigation de plaisance.
Nous sommes stationnés en plein centre ville où nous avons, autour de nous dans un rayon de deux cent mètres, tous les beaux et très anciens bâtiments du gouvernement canadien, les musés, le marché BY en plain air et les divers commerces dans un rayon de deux cent mètres.

Mercredi 26 août 2009
Nous partons vers 10H faire le marché et trouvons un inventaire d’étals de produits frais qui donnent envi de tout dévorer. Tous les légumes et fruits sont produits dans les fermes de la province et alentours.
Nous faisons des achats avec gourmandise en pensant aux bons repas que nous allons nous mijoter à bord.
Nous consacrons l’après midi à une première visite du centre ville et passons à l’office du tourisme afin d’en connaitre les attraits. Il fait un soleil splendide.
En fin d’après midi, nous assistons à la relève de la garde au monument aux morts.

Jeudi 27 août 2009
Nous sommes à 10H au garde à vous sur l’esplanade devant le Parlement pour assister à la cérémonie de la relève du bataillon de garde des forces armées canadiennes avec la transmission symbolique des clefs de la ville. Cette cérémonie, très haute en couleur et en musique dure une demi-heure, célèbre cet été son cinquantième anniversaire.
Dès la fin, nous partons visiter le Musée Canadiens des Civilisations sur la rive nord de la rivière OUTAOUAIS où est la ville de GATINEAU.
Nous allons y passer une journée exceptionnelle. Nous y trouvons une exposition très complète sur l’origine des peuplements des territoires qui formeront plus tard le CANADA. L’histoire complète des Peuples Premiers est déclinée depuis avant l’an 1000période où les fouilles archéologiques commencent à dater les vestiges.
Suit l’histoire de la colonisation des autochtones avec les premiers explorateurs que sont BOROLA en 1507 et CARTIER en 1528.
Nous visitons d’autres expositions sur le mode de vie des immigrants au début du 17e siècle et sur les personnages illustres qui ont fondé et façonné le CANADA depuis le début du XVIII siècle jusqu’à nos jours.
De retour au bateau en début de soirée, nous sommes heureux d’une saine fatigue et de pieds endoloris.

Vendredi 28 août 2009
Le petit déjeuner englouti, nous rangeons le bateau et préparons la cabine qui doit accueillir Audrey, Sylvain et Rafael pour la nuit prochaine.
Ils ne sont pas encore venus visiter OTTAWA et profitent de notre présence ici pour venir voir la capitale du CANADA.
Ils arrivent vers 16H et dès qu’ils sont installés, nous partons faire un tour du quartier avant d’aller souper en terrasse dans un restaurant irlandais.
A 9H du soir, nous sommes sur la plaine du parlement pour assister à un spectacle de sons et lumières qui est projeté sur la façade du bâtiment central du parlement. Nous apprécions la scénographie qui conte dans les grandes lignes l’histoire de la formation du pays CANADA. Le pays ayant deux langues officielles, le français et l’anglais, nous constatons que les explications dans les deux langues sont différentes
Nous sommes de retour au bateau sous les premières gouttes de pluies.

Samedi 29 août 2009
Nous sommes réveillés en fanfare par Rafael qui réclame son biberon du petit déjeuner et nous nous mettons tous les quatre à table. Nous laissons Audrey faire une grasse matinée.
Il pleut à verse depuis le milieu de la nuit et pour toute la journée.
Nous sortons tout de même avec Sylvain car il est prévu qu’il y ait ce matin la dernière parade de relève de la garde de l’armée canadienne.
Il n’y a personne sur le théâtre des opérations devant le bâtiment du parlement, pas plus de spectateurs que de bataillons. Il est vrai que sous le déluge, il n’y a pas beaucoup d’amateurs. J’accompagne Sylvain visiter la tour de la Paix dans le bâtiment du parlement.
Du haut de cette tour de 302 pieds, nous profitons d’une belle vue sur tout OTTAWA, malgré le temps quelque peu bouché.
Nous revenons au bateau entièrement trempés.
Nous prenons un déjeuner à bord avec du bon cassoulet de TOULOUSE, sorti des cales avec un bon vin rouge de chez nous. Le très mauvais temps et la température extérieure sont des encouragements pour ces libations qui ont fait grand plaisir à tout le monde.
Vers 3H, les montréalais prennent la route du retour avec moultes recommandations de prudence étant donné les conditions météorologiques.
Nous préparons le bateau afin de repartir demain matin à la première heure, un meilleur temps est prévu.

Dimanche 30 août 2009
Le réveil est toujours précoce les matins de départs.
Nous larguons les amarres à 7H 45 sous un ciel plombé. Nous sommes arrêtés une demi-heure plus tard par un pont qui doit se lever pour nous laisser le passage mais la première ouverture du jour est à 8H 30. Une demi-heure plus tard, nous nous arrêtons dans une petite marina afin de faire le plein de carburant.
La pompe débite pratiquement au compte goutte car nous mettons une heure pour charger 1400 litres de diesel.
Nous repartons à 10H 45 et un quart d’heure après, nous passons notre première écluse. Nous franchirons 14 écluses montantes dans la journée. Nous nous arrêtons à 19H au mur après trois écluses consécutives du bourg de MERRICKVILLE.
Nous partons en exploration dans le village et à l’heure présente, il n’y a pas âme qui vive dans la rue, tout est fermé hormis le pub local où il y a trois gars qui éclusent. De retour à notre maison flottante, nous dinons d’un bon souper bien mérité et partons dormir bien fatigués.

Lundi 31 août 2009
Nous démarrons à 8H 30 sous un soleil splendide et un ciel bleu immaculé.
Nous commençons à naviguer sur des lacs qui s’inbriguent sans cesse. Si la route à suivre n’était pas tracée sur la carte, nous pourrions être encoure entrain de chercher la sortie. Nous franchissons huit écluses toujours dans le sens de la montée. Nous décidons de passer une journée sans naviguer et en sortant un peu de notre route, nous nous arrêtons à 15H dans un petit village au bord du lac et en fond, WESTPORT. Il y a une toute petite marina qui nous accueille, la quille de
NA MAKA ne doit pas être loin du fond, la végétation sous marine arrive jusqu’à la surface de l’eau.
Durant ce périple, nous pensons avoir tondu quelques hectares d’algues tellement les plantes ont de longues tiges et de grandes feuilles qui viennent chercher la lumière très haut. Nous naviguons souvent sur des fonds de deux mètres environ, mais nous n’avons rien touché à ce jour. Ce serait de toute manière sans conséquence, car les fonds sont de vases et notre vitesse très lente par choix.
Nous partons en reconnaissance dans ce nouveau village qui est plus animé que le précédent. Nous repérons le boulanger et le magasin d’alimentation où nous irons demain faire quelques courses.

Mardi 1er septembre 2009
La matinée sera calmement consacrée à un peu de rangement et de ménage à bord mais sans précipitation pour ne pas rompre le rythme local. Nous faisons un petit avitaillement avant le repas de midi.
Vers 14H, nous sortons de WESTPORT pour aller prendre un mouillage dans une petite anse que j’avais repéré sur la carte et près de la première écluse de demain. L’endroit est très agréable, calme car nous sommes sur l’eau mais au milieu de la campagne aussi, ne l’oublions pas.
L’eau est parfaitement lisse et nous promet une nuit de rêves.

Mercredi 02 septembre 2009
Cette nouvelle journée doit nous conduire jusqu’à KINGSTON.
Nous franchirons dix écluses descendantes dans la journée.
Le parcours est d’une beauté indescriptible, nous slalomons sur un entrelas de lacs et de petites rivières qui les joignent, nous traversons des forêts de mélèzes d’érables, de chênes et d’autres essences que nous ne connaissons pas.
Nous franchissons plusieurs écluses authentiques qui sont restées dans leur jus depuis leurs constructions, en 1832. Elles sont parfaitement entretenues en utilisant les méthodes de constructions anciennes. Nous trouverons, sur l’une d’elle, l’atelier du forgeron qui est conservé dans l’état primitif et dans lequel œuvre toujours une forgeronne. Leurs environnements champêtres sont entretenus avec grand soin et les gazons ressemblent à des greens de golf.
Pour nous, cette navigation dans ces contrées est un plaisir d’une grande intensité chaque jour renouvelé. Il faut avoir fait une fois au moins ces navigations à l’intérieur de ce beau et grand pays, le CANADA.
Ce n’est que du bonheur à vivre chaque jour intensément.
Le soir, nous nous arrêtons « au mur » de la dernière écluse passée avant de rentrer dans KINGSTON. L’environnement est plus austère et nous entendons au loin le bruit de la civilisation que nous avions oublié.

Jeudi 03 septembre 2009
Nous larguons les amarres à 8H car nous savons avoir une petite journée.
Deux heures plus tard, nous sommes arrêtes dans la marina publique en plein centre de la ville de KINGSTON, grande métropole sur le fleuve Saint Laurent et la rive canadienne du lac ONTARIO. Nous sommes invités très aimablement à rester quelques heures dans la marina. Nous partons nous dégourdir les jambes jusqu’au marché extérieur où nous achetons quelques fruits et légumes cultivés localement.
Nous passons chez les douanes canadiennes afin de connaitre les formalités de sorties du territoire et celles d’entrée aux USA. Il nous est répondu qu’il n’y a rien à faire et que nous pouvons aller directement à OSWEGO.
Nous déjeunons sur la terrasse d’un restaurant qui nous parait sympathique. Le repas est dégusté au soleil sans précipitation et grand plaisir.
Nous quittons la marina à 14H 30 en direction d’une petite anse dans une des « 1000 iles » situées sur le fleuve Saint Laurent à quelques milles de la ville et située sur notre route. Une heure après, nous avons jeté l’ancre à l’endroit choisi pour y passer notre dernière nuit sur le territoire canadien, pour cette année.

Vendredi 04 septembre 2009
Les jours de départ, nous n’avons pas besoin de réveil pour nous lever. Nous sommes réveillés avec le soleil vers les 6H du matin.
A 7H 15 nous levons l’ancre, à 8H 45 nous pénétrons dans les eaux territoriales américaines et à midi, nous sommes arrêtés dans la marina d’OSWEGO.
Nous appelons par le vidéo phone disponible au bureau de la marina les coast guards. Nous commençons à leur parler deux minutes et le téléphone se met en panne. La responsable de la marina vient à notre aide mais la communication est difficile, entre notre mauvais anglais et leur accent qui rend incompréhensible le meilleur anglais littéraire.
Deux coast guards arrivent par hasard à la marina et ils parlent bien anglais mais également l’espagnol. On est sauvé, pense-t-on.
Après explication de notre périple des derniers jours et de notre arrivée, il nous informent que nous ne pouvons pas faire les formalités d’entrée aux USA, ici et que nous devons retourner à ALEXENDRIA BAY, la ville d’entrée qui est sur le Saint Laurent, à un jour de navigation. Merci les douanes canadiennes.
Cela ressemble un peu à une catastrophe pour nous, car rebrousser chemin n’est jamais agréable, surtout contre le vent comme c’est le cas aujourd’hui. Nous négocions fermement mais aimablement, ce qui semble les attendrir. Ils prennent notre cas en main et après une bonne heure au téléphone pour l’un des deux, ils nous informe que nous pouvons rester ici et les documents nécessaires nous sont envoyés par télécopie. Nous avons un permis de naviguer de un an.
Il nous est confirmé qu’un officier de l’immigration doit venir spécialement depuis l’aéroport afin de procéder au contrôle d’entrée et de nous établir notre permis de séjour. Rendez vous nous est donné pour 16H. En attendant, nous devons rester à bord et ne pas descendre à terre !!!!!!!!
Nous invitons les deux coast guards à venir visiter le bateau en guise de remerciement et afin de discuter un moment en dehors de la procédure. Ce moment d’amitié passé, ils nous quittent en nous souhaitant un bon séjour. Il est 15H et nous nous jetons goulûment sur un casse croute.
16H, 17H, 18H, 19H et toujours personne.
Nous partons nous coucher après avoir soupé, épuisés d’attendre et inquiets.

Samedi 05 septembre 2009
A la première heure ouvrable des bureaux de la marina, nous allons revoir la préposée qui rappelle l’immigration à SIRACUSE qui est à une demi-heure de voiture d’OSWEGO.
Après une nouvelle heure d’explications avec trois inspecteurs différents, elle parle enfin à l’officier qui devait venir hier et qui nous donne un nouveau rendez-vous pour 16H. Nous voilà confiné une nouvelle journée sur le bateau ou dans les cent mètres alentour, extension que nous nous octroyons.
Nous avons la visite de deux québécois qui se promène à bicyclettes. Ils nous informent qu’ils sont garés entre deux écluses à cinq cent mètres de la marina. A leur arrivée hier, ils ont eu les mêmes problèmes que nous mais étant donné qu’ils sont voisins avec les américains, leurs formalités ont été plus expéditives et ils ont reçus leurs documents à la marina par télécopieur.
Vers 16H 30, une officier en grande tenue arrive au bateau. Après les formalités de politesse d’usage et le récit de notre histoire, elle nous apprend que le premier permis de séjour délivré à MIAMI en avril qui est valide jusqu’au 10 octobre, est toujours valable !!!!!!!!!! cela ferait deux jours que nous attendons pour rien ?
Nous lui expliquons que nous sommes sortis du territoire américain depuis plus de trois mois, que nous sommes retournés chez nous en Europe quinze jours et que nous pensions que ce permis de séjour était devenu donc caduc. De plus, j’aimerais que l’on nous en fasse un nouveau pour un an. Nous palabrons sur ces états et n’étant plus sure de rien, elle part à son véhicule téléphoner à ses supérieurs.
Elle revient un quart d’heure plus tard et nous délivre un nouveau permis de séjour pour un an, ainsi ne se sera-t-elle pas déplacée pour rien, mais en nous assurant que le premier permis était toujours valide.
Sitôt partie, nous larguons les amarres et partons rejoindre les québécois. Cela nous rapprochera du centre ville également. Par ailleurs, le stationnement au quai des écluses est gratuit, enfin, devrais-je dire, inclus dans le coût du droit de passage que nous avons acquitté à la première écluse tout à l’heure. Mais pour moins que le prix d’une nuit passée dans la marina, nous allons rester une dizaine de jours sur les canaux américains et passer une bonne trentaine d’écluses.
Ils nous accueillent en nous invitant à leur bord pour prendre un apéro bien venu.

Dimanche 06 septembre 2009
Une grasse matinée est la bienvenue avec le sentiment d’avoir rempli notre mission malgré les deux jours d’attente et d’angoisse.
Nous partirons visiter le centre ville et faire quelques courses afin de compléter le stock de produits frais, viandes, laitages, fruits et légumes.
A la sortie de la ville, il y a un circuit ovale sur lequel se déroule cette fin de semaine une course d’un championnat national. Après déjeuner, nous partons à pied jusqu’au circuit distant de trois kilomètres environ.
Il y a beaucoup de monde aux abords et des québécois rencontrés hors de l’enceinte nous expliquent la course. Il s’agit de voitures de type Formule 2 très largement modifiées qui vont faire une course de deux cent tours. Le départ est dans moins d’une heure. Nous allons à la billetterie afin de connaitre le prix du spectacle. Les plus de 50 USD demandés par personne nous effrayent.
Nous repartons vers la ville comme nous en sommes venus et le bénéfice en sera une belle promenade sous ce chaud soleil.
Le soir, nous invitons à notre tour les deux couples de québécois pour faire plus ample connaissance. Ils descendent jusqu’en Floride pour y passer l’hiver. Ils nous parlent d’un projet naissant d’aller dans le golfe du Mexique. Nous en avions également parlé avec Agnès comme possible future destination pour cet hiver.
Nous rentrons tous souper dans nos maisons flottantes respectives.

Lundi 07 septembre 2009
Nous avons fini notre petit déjeuner et la préparation du bateau pour notre départ quand André me rappelle qu’il peut me couper les cheveux avant notre départ comme nous en avions parlé la veille, sur le ton de la plaisanterie.
J’accepte volontiers de confier ma chevelure aux ciseaux experts de ce barbier vagabond. Il voyage avec tout son nécessaire et c’est sur la pelouse au bord du quai qu’il officie. Des passants demandent en riant s’ils peuvent se mettre dans la file.
Une demi-heure plus tard, avec une coupe de jeune skippeur, nous prenons le chemin en direction de NEW YORK en nous promettant de nous téléphoner et de nous tenir au courant de la route de chacun. On devrait se retrouver peut être fin octobre à ANNAPOLIS.
Pour cette nouvelle journée de navigation, nous empruntons le Canal OSWEGO puis le canal ERIE, canaux qui doivent nous ramener sur l’HUDSON RIVER pour descendre jusqu’à NEW YORK. Nous l’avions empruntée début juin dans le sens inverse pour rejoindre le lac CHAMPLAIN et MONTREAL.
Nous franchirons à nouveau sept écluses montantes et traverserons le lac ONEIDA. Nous sommes amarrés ce soir au quai de VERONA BEACH et les villes que nous traverserons demain portent toutes des noms italiens. Il a fait un soleil splendide.
Nous faisons une ballade dans cette petite station balnéaire et rentrons souper au bateau.

Mardi 08 septembre 2009
Mercredi 09 septembre 2009
Jeudi 10 septembre 2009
Ces trois jours de navigation ont été effectué sans trop d’entrain particulier.
Nous avons emprunté un canal triste dans des paysages sans grand intérêt. Nous avons franchis 14 écluses descendantes. Nous avons traversé quelques gros bourgs. A chacun de nos arrêts, après avoir amarré NA MAKA au mur d’une écluse afin de faire une visite au centre ville, moins d’une heure après, nous avions repris la route. Nous étions dans une région quelque peu industrielle, afin qui avait du l’être, car nous n’apercevons que des fantômes d’usines, beaucoup de maisons à vendre et très peu d’animation dans les rues.
En Amérique du nord, beaucoup de construction de moyenne importance, soit deux étages sur un rez de chaussée et les maisons individuelles sont édifiées en bois. Dès qu’un immeuble est vide ou pas entretenu, les rues ressemblent à un décor de film d’épouvante.
En fin de journée, nous nous amarrons au quai d’une écluse, à SCOTTIA, dans un environnement champêtre très agréable avec une piste cyclable qui passe en bordure de gazons parfaitement tondus. Pour cette fois, nous sommes épargnés par le bruit d’une autoroute et de deux voies ferrées, une de chaque côté du fleuve, que nous supportons depuis quelques jours.
Peu de temps après, un voilier avec un couple d’américain se mettent devant nous. Nous sympathisons en leur offrant une bière à notre bord et en nous racontant nos périples respectifs.

Vendredi 11 septembre 2009
Ce matin, en ce jour particulier pour nos hôtes, nous déjeunons au son de l’hymne américain. Tout le peuple américain commémore ce jour du 11 septembre 2001 qui a vu une tragédie endeuiller tout le monde. Nous ressentirons une ambiance particulière toute cette journée.
Nous partons vers 9H du matin avec nos nouveaux amis en escorte car nous avons sept écluses et deux portes de régulations sur un canal de dérivation, à franchir sur un parcours assez court. Ils prennent en charge les appels radio pour les passages.
Nous arrivons à WATERFORD vers 13H pour franchir les quatre dernières écluses successives qui doivent nous permettre de descendre sur le fleuve HUDSON RIVER.
L’éclusier nous invite à stationner au quai de l’avant dernière écluse si nous avons décidé de rester ici quelques jours. Il y a une concentration de vieux bateaux de travail en cette fin de semaine et les quais du centre ville sont complets.
Après avoir accepté l’invitation, nous allons, avec Agnès, en ville afin de voir exactement l’organisation de ce rassemblement.
Malgré notre charme latin, il nous est impossible de trouver une petite place dans la fête et nous remontons au bateau. Le ciel en profite pour ouvrir en grand les vannes et nous arrivons trempés jusqu’au os quoique bien équipés contre la pluie qui menaçait depuis quelques heures.

Samedi 12 septembre 2009
Ce matin le ciel est plus ensoleillé et nous partons au supermarché de la ville faire des achats car les provisions commencent à baisser. Nous revenons assez chargés en parcourant plus de deux kilomètres pour le retour vers le bateau.
Nous avons un bon entrainement à la marche car, dans ce pays, tout est organisé autour de la voiture et les distances sont toujours très importantes pour les piétons que nous sommes. Nous rencontrons très peu d’autochtones marchant à pieds.
L’après midi, nous allons participer à la fête en nous promenant sur les quais du centre ville. Il y a là amarrés, des vieux bateaux de travail, remorqueurs, pousseurs, barges et quelques trawler de plaisance de la même marque que le chantier des autres bateaux, TUG. Le plus vieux bateau est un remorqueur de 1907. Il y a, également, de nombreux stands de vente d’objets et de « choses » que nous ne trouvons plus chez nous depuis longtemps, même dans les plus vielles brocantes. N’oublions pas les baraques à frites et autres saucisses, hot dog, sandwiches et glaces dont s’empiffrent les américains, dont un grand nombre ont déjà dépassés le stade critique de l’obésité, c’est vraiment dramatique.
Le soir, nous assistons au tir d’un beau feu d’artifice qui dura près d’une demi-heure.

Dimanche 13 septembre 2009
Vers 10H du matin, nous nous mettons en route avec nos nouveaux amis et quelques autres bateaux qui nous ont rejoints hier.
Nous franchissons les deux dernières écluses qui nous mènent sur l’HUDSON RIVER. Depuis le lac ONTARIO, nous aurons franchis un dénivelé de 360 pieds soit près de cent dix mètres.
Une heure plus tard, nous franchissons la dernière écluse fédérale qui va nous libérer sur le fleuve qui descend jusqu’à l’océan atlantique. Nous serons dix bateaux à passer ensemble cette dernière marche. La route nous est totalement ouverte vers les eaux de l’océan atlantique. Tous ces bateaux vont passer l’hiver sous le soleil et dans les eaux chaudes de la Floride et des Bahamas alors que chez eux il y a beaucoup de neige et un grand froid pendant plusieurs mois.
A 16H, nous bifurquons à droite dans une petite rivière, ESOPUS CREEK, longue d’un petit kilomètre mais avec cinq mètres de profondeur.
Nous jetons l’ancre dans une petite crique qui semble être la fin de la partie navigable, non sans avoir asseye de prendre un ponton libre. Au bout d’une heure, un responsable de je ne sais quoi était venu nous réclamer 60 USD de redevance pour la nuit, ce que nous avons refusé.
De très jolies petites maisons posées dans des écrins de verdure entourent cette crique et il semble que les perturbations de ce monde n’arrivent pas ici C’est un de ces lieux où on a envi de poser son sac pour quelques temps.

Lundi 14 septembre 2009
Après un petit déjeuner pris tranquillement sur la terrasse de NA MAKA, à 10H nous levons l’ancre et glissons doucement vers le grand fleuve.
Depuis hier que nous sommes sur le fleuve ouvert sur l’océan, nous tenons compte des horaires des marées et en particulier de la marée descendante qui est pour nous comme un tapis roulant. Nous avons jusqu’à 4 KN de courant favorable qui nous permettent tout en conservant notre vitesse habituelle de 10 KN, de réduire le régime de rotation des moteurs nous faisant ainsi économiser du carburant.
A 15H, nous passons devant la plus grande académie militaire du monde
WEST POINT. Nous pensions nous y arrêter pour la nuit, mais nous n’avons vu personne sur le quai pour nous accueillir et nous confirmer cette possibilité.
A 16H, nous étions arrivés jusqu’à un mouillage agréable sur lequel nous avions passé une nuit à l’aller, mais aujourd’hui le vent de nord-ouest rentrant dans cette anse, rendait le lieu inconfortable. Pour parfaire cette mauvaise situation, une guêpe agresse Agnès en la piquant sur le lobe de l’oreille gauche.
Une petite heure plus tard et quelques miles plus loin, nous prenons une bouée sur la rive droite du fleuve à l’abri d’une falaise en un endroit très calme où sont mouillés d’autres bateaux.

Mardi 15 septembre 2009
Pendant notre petit déjeuner, quelqu’un tape à notre coque et vient nous réclamer 30 USD pour l’amarrage sur la bouée. En fait, c’est le patron du petit chantier naval devant lequel nous nous sommes arrêtés qui vient relever les compteurs. Nous le payons de bonne grâce sans oublier de lui négocier de faire le plein en eau potable des réservoirs du bateau. Il accepte avec plaisir.
Vers 9H 30 nous reprenons notre chemin et à 11H 30 nous sommes arrivés à destination.
Nous sommes à NEW YORK CYTI MARINA devant la 79th Street et cherchons une bouée de libre. Cet endroit est connu de tous les navigateurs du monde qui passent par là pour être l’endroit le moins cher de NEW YORK.
Nous avons à cet instant près de quatre nœuds de courant et slalomer entre quelque dizaine de bateaux déjà présents et prendre les amarres d’une bouée n’est pas chose aisée. Mais en considérant que nous formons le meilleur équipage au monde
(sur NA MAKA bien sur) nous réussirons à amarrer le bateau à la première manœuvre. Par hasard, il y a deux voiliers français à côté de nous, ce que nous verrons après notre arrêt.
Nous sommes à cinq cent mètres de CENTRAL PARK et à cent mètres de la première rue et avenue. Nous avons encore plus près une autoroute urbaine qui longe la rive et nous profitons directement des bruits de la circulation automobile.
De même, étant en bordure d’un fleuve qui supporte un important trafic commercial et le passage des navettes et ferry, nous sommes constamment bousculés à bord.
Le retour dans cette grande ville surnommée « la pomme » est très bruyant et peu confortable. Nous venons de passer près de quatre mois de navigation sur des eaux parfaitement paisibles et le contraste est brutal.
Nous sommes quelques peu inquiets de la nuit que nous allons passer mouillés là.

ANNAPOLIS / SAINT PAUL

Jeudi 21 mai 2009
Après le petit déjeuner

NORFOLK / ANNAPOLIS

Jeudi 21 mai 2009
Après le petit déjeuner

BEAUFORT / NORFOLK

Jeudi 21 mai 2009
Après le petit déjeuner, nous empruntons une voiture à la marina pour aller faire un dernier avitaillement en produits frais au super marché qui est à trois miles environ. Ici, de nombreuses marinas offre un service de navettes gratuites avec les centres villes ou les super marchés ou vous prêtent un véhicule. Ce prêt est limité à une heure, mais s’il est libre, vous pouvez le reprendre une autre heure.
De retour au bateau, avec CLAUDE, nous partons à la capitainerie régler le montant de notre stationnement dans la marina.
Ensuite, les CLAUDE’S sortent se mettre au mouillage devant la marina et nous, nous prenons la route pour l’avant dernière étape de navigation sur l’intracoastal.
Ils vont attendre ainsi vingt quatre heure que la mer se soit calmée après le mauvais temps de ces derniers jours et la rotation du vent qui doit leur être plus favorable pour leur remontée vers NORFOLK où nous avons rendez vous lundi.
La sortie de BEAUFORT est un peu périlleuse car il faut slalomer entre les bancs de sables, insuffisamment signalés pour nous, touristes. Nous sommes à marée basse, le marnage est d’un mètre environ et cela peut faire la différence dans les chenaux creusés par les courants. Nous passons en étant très attentifs et rejoignons l’ICW quelques miles plus loin.
L’après midi se déroule sans histoire, nous retrouvons notre vitesse de croisière de
9 KN environ. Sur le chemin maritime, nous croisons une grande barge chargée de potasse qui nous fait redoubler d’attention, eu égard son gabarit.
Quelques minutes après, nous quittons le canal pour nous mettre au mouillage dans une petite rivière qui m’avait semblée proposer un havre de paix afin d’y passer confortablement la nuit. Il y a déjà un autre trawler et celui qui nous suivait depuis un moment vient s’y réfugier aussi, ce qui nous fait dire que notre choix est bon. Nous mouillons à quelques dizaines de mètres les uns des autres en prenant bien soin de se mettre à une distance suffisante afin de ne pas se gêner lors de l’évitement des bateaux si le vent changeait de direction.

Vendredi 22 mai 2009
Après une nuit paisible dans un calme absolu, nous partons vers 7H 30.
Nous pensons faire un autre mouillage ce soir avant de traverser le PALMICO SOUND, une embouchure la plus grande sur cette côte Est des USA.
Arrivant en début d’après midi sur notre point d’arrêt, après réunion du conseil d’administration du bord et à l’unanimité des voix, nous décidons de continuer et d’aller jusqu’à une jolie petite ville dénommée ELISABETH CITY, située sur la voie secondaire de l’ICW, et qui offre l’hospitalité pendant deux nuits.
Nous allons donc emprunter le DISMAL SWAP CANAL qui est une seconde possibilité de rejoindre NORFOLK pour cette fin de l’intracoastal. Aux dires de tous, cette voie là est très agréable et serpente dans la forêt.
Nous arrivons à 18H à destination et devant le nombre important de bateaux en rapport à la capacité des quais, nous comprenons que nous n’allons pas être seuls sur cette voie et nous sommes également inquiets car nous ne voyons pas de place disponible pour accoster. Finalement, nous nous installons derrière un catamaran sur le seul endroit encore disponible contre un quai un peu à l’écart des autres bateaux, ce qui ne nous dérange pas, nous serons plus au calme.
Nous allons faire un tour de reconnaissance et nous présenter aux autorités mais nous trouvons portes closes.
Nous rencontrons un couple de québecquois qui nous informe des us du lieu.
Retour au bateau et nous nous couchons de bonne heure car nous sommes fatigués car nous avons fait près de 90 NM aujourd’hui.

Samedi 23 mai 2009

Après un petit déjeuner copieux, nous partons faire un tour en ville et faire notre entrée administrative à la marina.
Il ne nous est même pas demandé le nom du bateau ni nous passeports, on nous donne les plans de la ville en nous souhaitant bienvenue.
La ville est très petite, pour la partie située devant le « water front », et est circonscrite entre quatre rues. Nous en avons rapidement fait le tour.
Nous commandons du pain frais pour demain.
L’après midi se passe assis sur les bancs situés devant le bateau, le vent de Sud Est s’étant levé et crée un fort clapot qui vient butter contre le bateau et le quai ce qui est très inconfortable.
Nous attendons 5H de l’après midi car il existe une tradition bien sympathique. Une organisation locale de bienfaisance, les ROSES BUDDIES organise tous les samedis une réception en l’honneur des voyageurs nautiques qui sont au quai de la ville. Collations et gâteaux sont offerts à l’occasion de cette réunion. Malheureusement, tous les équipages des bateaux attendent mais ce sera pour une autre fois car il ne se passera rien aujourd’hui. Quelques bateaux battants pavillons américains organisent dans leur coin cette petite fête mais nous n’y sommes pas conviés. Dommage pour notre leçon d’anglais du jour.

Dimanche 24 mai 2009
Après avoir été acheté une « french baguette » à la grocery du coin, nous larguons les amarres vers 10H 30 après un orage. Le ciel est très chargé ce matin avec un petit vent du Sud.
Le trajet est marqué par le passage de notre première écluse en terre américaine et cela nous angoisse un peu. Ce n’est que la deuxième de notre vie de navigateurs. Nous y arrivons un quart d’heure avant l’ouverture du sas d’entrée, suivi d’un autre trawler qui est derrière nous depuis deux heures environ.
Pour arriver jusque là, nous avons remonté la rivière PAQUOTANK RIVER, avec un lit assez large au départ. Elle devint une petite rivière serpentant dans la forêt. Il a été utile que je prenne la barre car elle était très sinueuse et par deux fois nous avons touché les branches basses des arbres sur les rives. Par contre, le fond était stable entre cinq et six mètres au centre et plus de deux mètres sur les berges.
Cette première écluse a été passée en compagnie de deux autres bateaux avec beaucoup d’attention de notre part mais avec succès sans aucun incident. Nous voyons une magnifique voiture de sport rouge flambant neuf, une CHEVROLET CORVETTE et le « commandant de l’écluse » me dit que c’est sa voiture personnelle. Mais qu’elle n’est pas notre surprise de le voir partir à toute vitesse avec pour aller quelques centaines de mètres plus loin pour nous ouvrir le pont qui va nous libérer.
Nous reprenons notre route après avoir doublé le petit voilier qui nous précédait.
Deux heures plus tard, nous arrivons au centre d’information du DISMAL SWAMP CANAL, qui doit être là pour informer les touristes à terre et nous y retrouvons sept voiliers battant pavillon américain.
Ce matin, en partant d’ELISABETH CITY, la petite marina municipale était quasiment vide, ce qui nous a étonnés. Nous retrouvons une grosse partie de ces bateaux ici. Ainsi, nous supposons qu’il est difficile de passer les deux écluses dans la journée étant donné la distance à courir entre elles. Nos amis américains, en fin connaisseurs, avaient programmés cette escale au milieu du parcours dans la forêt.
Nous continuons donc en espérant que l’on trouvera un endroit pour passer la nuit, avant la prochaine écluse qui doit nous libérer de l’intracoastal.
Nous avons toujours un temps très menaçant au dessus de nos têtes et nous ne nous sommes pas installés sur la terrasse aujourd’hui. Nous essuyons un très violent orage vers 4H de l’après midi. On se croirait à la tombée de la nuit et il faut que j’écarquille les yeux afin de trouver notre route dans cette trouée d’arbres et sur cette eau noire. De temps à autre, je dois slalomer afin d’éviter quelques troncs et autres branches d’arbres flottant à la dérive.
Nous arrivons à 5H devant le pont qui commande la seconde écluse et posons nos amarres sur un petit quai où est déjà stationné un voilier que nous avions vu hier. Nous faisons connaissance avec un sympathique couple de québecquois.
Nous sommes au carrefour de deux routes nationales sur laquelle il y a beaucoup de trafic. Nous avons à une dizaine de mètres du quai un snack mexicain un peu zone, une station essence et une grocery. L’endroit est peu ragoutant.
Nous invitons le québecquois et la française expatriée à bord de NA MAKA devant les incontournables bières que nos amis ont l’habitude de déguster en connaisseurs en se promettant de ne pas se laisser déborder au matin par la dizaine de voiliers américains qui stationnent sur la route derrière nous. Nous prenons nos repas à nos bords respectifs

Lundi 25 mai 2009
Ce matin, tout le monde est sur le pied de guerre à 8H. Le pont qui commande la seconde et dernière écluse ouvre à 8H 30. Je surveille l’arrivée du canal et à 8H 10, je sonne l’alerte car on aperçoit un trawler et un seul autre voilier.
Dès que le « commandant de pont » est à son poste, nous faisons mouvements et les deux bateaux arrivés ont la courtoisie de nous laisser passer les premiers.
Les derniers miles de l’intracoastal sont parcourus rapidement.
Dernier virage sur bâbord (à gauche), un nouveau grand pont de franchit sans difficulté et on entre dans un grand port de commerce long de plus de dix kilomètres.
Nous passons sous plusieurs ponts métalliques, qui s’ouvrent très rapidement à notre arrivée ou qui restent ouverts en permanence et qui ne sont abaissés que lorsque quelqu’un veut les emprunter. C’est le cas notamment des ponts sur les voies ferrées.
NORFOLK abrite également la plus importante base de la marine de guerre américaine. Nous voyons rassemblés au même endroit plus de bateaux de tous types que dans toute une vie de voyageurs hydrophiles. Il y a des bateaux à la casse, des destroyers, des escorteurs, des bateaux de soutiens stratégiques, des transports de matériels et de troupes, un sous marin et quatre portes avions, dont deux en services. D’importants systèmes de sécurités sont mis en œuvre également afin de protéger tous ces navires d’une quelconque attaque, patrouilles lourdement armées sur l’eau, filets flottants et sous marins, miradors avec militaires en armes scrutant leur environnement proche et on a surement pas tout vu.
Nous circulons à petite vitesse imposée dans le chenal commun à tous les bateaux, gros et petits et semblons passer en revue l’US NAVY.
C’est inimaginable de voir concentré ici tout cet arsenal de machines de guerre, s’en est décourageant.
Lors de la traversée du port de commerce, on croise un porte containeur de la compagnie MAERKS LINES et nous sommes « pris en charge » par un gros dinghy des COAST GUARD armés jusqu’aux dents et mitrailleuse lourde en batterie sur le pont avant qui reste à notre proche côté pour nous escorter et au milieu du bateau commercial, un collègue prend la relève jusqu’à ce que l’on se soit éloigné du bateau.
Avaient-ils peur d’une subite attaque de notre part ou bien voulaient-ils nous porter secours pour le cas ou un containeur nous tomba dessus ?
Nous sommes contents de sortir de cet endroit bien peu avenant et nous rentrons dans la CHESAPEAKE BAY et prenons avec joie la direction d’un endroit que nous espérons plus calme, BACK RIVER et où nous nous sommes donnés rendez vous avec les CLAUDE’S. Quand nous y arrivons deux heures plus tard, nous avons la surprise de les trouver déjà installé au mouillage depuis un quart d’heure.
Retrouvailles faites autour de l’apéritif du soir afin de nous conter nos quatre jours de navigations respectives. L’endroit est certes reposant quoique, un peu grand et ouvert à tous les vents. A notre désespoir, nous sommes garés en bout d’une piste d’aviation. Une autre grande base aérienne de l’US NAVY est implantée là. Cela nous vaudra d’être réveillés à 6H du matin par l’hymne américain qui est diffusé par les hauts parleurs de la base pour réveiller le personnel.
Nous partons dans l’heure suivante vers un autre mouillage que nous avons pris soin de choisir dans un petit bras de mer ou de rivière, on ne sait plus.

Mardi 26 mai 2009
Nous arrivons vers 13H dans un petit mouillage, WARE RIVER où est déjà installé un autre voilier américain, mais il y a assez de place pour plusieurs bateaux. Par contre, le temps est exécrable, avec plafond nuageux très bas et dense, vent avec fortes rafales et la température s’est à nouveau rafraichie. Néanmoins, nous sommes parfaitement à l’abri sur une eau calme.
Nous sommes confrontés à un nouveau problème en navigant dans la CHESAPEAKE BAY, c’est le nombre incalculable de casiers pour capturer des crabes. Il y en a des centaines de milliers partout installés et seuls quelques chenaux de navigations en sont épargnés. On est donc tout le temps très attentifs pour ne pas en prendre un dans les hélices.

Mercredi 27 mai 2009
Le départ est donné à 9H ce matin pour une petite ville où les CLAUDE’S voudraient laisser leur bateau pour l’été et l’hiver prochain pendant qu’ils visiteront les USA et le CANADA en camping car, DELTAVILLE.
Nous arrivons les premiers sur le site et décidons en attendant nos amis de rentrer dans les méandres autour desquels est implanté la ville et de repérer le chantier avec lequel ils avaient eu des contacts. Nous avons la surprise de constater qu’ils ne peuvent accéder au chantier que lorsque la marée est haute et encore car on a détecté deux endroits où ils risquaient de talonner. Nous ressortons et gagnons notre lieu de replis derrière une petite presqu’ile sur laquelle sont construites de très belles et cossues villas. Trois marinas et deux chantiers sont également implantés dans cette baie. Le mouillage est très agréable et parfaitement protégés de tous les vents.
SCORSEAU arrive vers 5H et jette son ancre à quelques dizaines de mètres de nous. Ce soir a été programmée une grande soirée de recueillement à bord de
NA MAKA. Nous avons « exhumé » des fonds du bateau, quelques boites de conserves de très bonne qualité contenant des confits de canards et du cassoulet préparé avec ce magnifique volatile. Nous en avions totalement oublié l’existence.
Donc rendez-vous est donné pour 7H avec apéritif et repas dans le cockpit avec cet inestimable met arrosé d’un bon vin rouge de ROUQUETTE, mais nous buvons là les dernières bouteilles. La soirée comblera nos espoirs et nous partons nous coucher tard et gavés.

Jeudi 28 mai 2009
Le réveil sera long et cette matinée sera passée à bord des bateaux afin de parfaire l’entretien respectif de nos fiers coursiers.
En fin de matinée, nous allons au chantier qui a été retenu pour hiverner SCORSEAU. Leur secrétaire nous accompagne au super marché de la ville avec son véhicule.
Il faut être conscient qu’ici, aux USA, rien n’est possible sans disposer d’une voiture. Tout est grand, il n’y a pas de centre ville au sens où nous l’entendons. Il faut prendre sa voiture pour tous les actes de la vie courante, ni les restaurants ni les magasins ne sont proches les uns des autres et il faut toujours se déplacer sur des distances trop importantes pour être effectuées à pieds.
Nous marchons pourtant souvent sur quelques kilomètres pour aller sur un lieu intéressant pour nous et sommes souvent regardés avec étonnement par les locaux qui sont visiblement étonnés de voir des piétons en pleine campagne.
Nous déjeunons dans un restaurant qui nous a été conseillé par JOHN, le patron du chantier qui est à dix minutes de marche du super marché. Les achats effectués, la gérante du magasin nous raccompagne jusqu’à nos bateaux.
Nous apprécions beaucoup le service de tout le monde, ici. Je ne crois pas me rappeler qu’un seul super marché propose à ses piétons de clients de les raccompagner à leur domicile.

Vendredi 28 mai 2009
Aujourd’hui sera consacré à la communication avec la terre.
CLAUDE commence à écumer les sites de vente de camping car et je réponds à tous mes courriels, personnels et professionnels. Je commence aussi à regarder les bateaux type trawler de 55 pieds qui sont sur le marché de l’occasion en Amérique.