samedi 7 août 2010

FORT LAUDERDALE / BAHAMAS

Dimanche 21 février 2010
Nous venons de passer un mois à FORT LAUDERDALE.
Nous y sommes arrivés le 18 janvier après la descente entre TITUSVILLE et le Sud de la Floride.
Nous avons retrouvés nos amis franco-américains, deux toulousaines, mère et fille et un marseillais qui ont émigrés ici il y a quarante ans. Je leur avais déjà rendu une visite en 1996 puis on s’était vu lors de leurs venues à TOULOUSE.
La première semaine, nous avons loués une voiture afin d’aller visiter les EVERGLADES et la côte ouest de la Floride. Nous avons également pris nos marques en localisant le super marché et le centre commercial les plus proches.
Le 5 février, nous sommes partis avec Béatrice et ED, son compagnon, invités par eux à passer le week end chez la sœur d’ED, Mona qui est Rangers dans un parc naturel situé dans les Cays. Nous avons été accueillis très chaleureusement et avons dormi dans le trailer de Mona.
Le samedi matin, nous sommes tous allé chiner au « FLEE MARKET », l’équivalent de notre « marché aux puces » dans une belle ambiance avec des petits commerçants enjoués. Nous avons achetés quelques légumes et aussi des « tchaskis ». C’est le petit nom argotique donné aux nombreux petits objets de décorations dont les américains raffolent et emplissent leurs intérieurs.
Le dimanche après midi, nous sommes partis jusqu’à KEY WEST, distant de trente miles environ nous promener et avec comme but de passer la soirée dans un bar.
Ce dimanche soir, se joue la partie de football américain la plus importante de l’année, la finale du SUPERBALL. Plusieurs bars s’organisent pour offrir à leurs clients une soirée à la hauteur de l’évènement avec barbecue géant, des écrans géants de télévision sur tous les murs et un orchestre pour la fin de la soirée, tout cela pour 20 $ par personne y compris la boisson nationale coulant à flots, la bière. Nous avons vécu une très belle soirée au cœur du plus grand engouement des américains pour leur sport fétiche, des chants et des cris hystériques des partisans des deux équipes à chaque point marqué par l’une d’elle, une ambiance très bon enfant sans aucune agressivité mais avec une réelle joie communicative. Nous avons vécus une soirée inoubliable de notre vie de voyageurs.
Nous sommes rentrés à FORT LAUDERDALE le lundi après midi par l’unique route qui serpente d’ile en ile de KEY WEST à MIAMI. Elle emprunte pendant la moitié du parcours des ponts franchissant la mer, à l’est l’océan atlantique et à l’ouest le golfe du Mexique.
Durant ce mois de février, ayant le projet de changer de bateau cette année, nous avons visité deux salons nautiques, un spécialisé dans les trawlers, ce qui nous intéresse particulièrement et l’un de plus importants salon nautique du monde
LE MIAMI BOAT SHOW.
Ce dernier reçoit les plus beaux et grands yachts du monde qui sont sur le marché de la vente et nous avons regardé ces unités avec curiosité pour admirer de beaux designs mais sans rêve particulier.
Depuis ce début d’année, la température n’a pas été à la hauteur de la réputation mondiale de la Floride. Nous avons eu en permanence une succession de front froid descendant du Canada avec un froid persistant surprenant. Au meilleur de la journée on pouvait avoir 15° et le matin, on avait en général 11° au réveil, donc on allumait le chauffage pour deux à trois heures environ.
Nous avions comme objectif premier de passer l’hiver aux Bahamas et il fallait bien que nous traversions le GLUF STREAM pour rejoindre les iles promises. Ce n’est pas une grande traversée, 70 NM environ soit 6H de mer, mais il faut un temps particulièrement clément et un vent faible dans le bon sens, plus tôt de sud afin de ne pas lever une mer fortement désagréable dans le fort courant du GULFSTREAM.
De plus, n’ayant pas navigué en mer depuis près d’un an, nous n’avions pas envie de nous faire secouer.
La météo prévoyait depuis deux jours un temps adéquat pour ce dimanche et nous sommes donc sortis en mer à 8H du matin.
La traversée a été parfaite et nous sommes arrivés à WEST END à 14H.
Nous avons pris un poste dans la petite marina et sommes aller faire notre entrée internationale auprès des autorités bahamiennes. Nous avons été très amicalement reçus, les documents ont été rédigés rapidement avec l’accord de rester deux mois dans les Bahamas mais avec un droit d’entrée un peu « sauvage » de 300 $ !!!!!!!! Nous avons tout de même pour ce tarif là le droit de pêcher. Nous acquittons notre droit de poste à la marina pour 95 $ les vingt quatre heures, « WELCOME ».

Lundi 22 février 2010
Le matin au réveil, nous avons la désagréable surprise de constater qu’il faut très mauvais temps dehors, fort vent de sud sud ouest et gros nuages avec averses.
Après un temps d’hésitation et être allé voir l’état de la mer et de la passe d’entrée sur le BANK, on décide de partir.
Nous passons en mer sur un mille environ et les vagues sont bien présentes à cause des remontées du fond en bordure de la côte. Nous devons prendre une passe d’une petite centaine de mètres de large environ mais qui n’est signalée sur l’eau que par la relative accalmie des vagues qui déferlent sur les récifs.
Nous la franchissons avec prudence et quelques petites appréhensions bien légitimes. Tout se passe bien et nous nous retrouvons sur une eau parfaitement plate mais avec très peu de fond, 2 à 4 m. Il faut faire confiance aux cartes pour naviguer avec peu d’eau sous la coque pendant plusieurs centaines de milles, mais tout se passera bien et les cartes semblent être exactes.
La météo s’améliorera vers midi et à 15H nous prendrons un mouillage dans une baie sur une petite ile au milieu de nulle part mais qui semble être le seul arrêt sur la route du sud. Deux autres bateaux y sont déjà. Le vent devant tourner au nord ouest dans la nuit, nous nous mettons tout au fond afin d’être protégés.
Dans le courant de l’après midi, je m’équipe avec ma combinaison de plongée afin d’aller contrôler l’état des anodes que j’avais posé en avril dernier sur les arbres d’hélices, je sais déjà que je dois changer celles situées sur les stabilisateurs arrières, elles ont complètement disparues, rongées par l’électrolyse.
Les anodes d’arbres sont en bon état et je reste donc moins longtemps que prévu sous l’eau. Elle est très froide contrairement à ce que nous promettent les dépliants touristiques !!!
La première moitié de la nuit fut sportive, le vent de sud ne tournant pas complètement comme prévu et le clapot rentra dans le mouillage rendant celui-ci très inconfortable. Heureusement que vers minuit, le vent cessa complètement et nous pûmes dormir un peu.

Mardi 23 février 2010
Après un bon petit déjeuner matinal, à 9H nous levons l’ancre les premiers en direction du sud pour notre prochaine destination qui est GREEN TURTLE CAY, ile qui nous a été conseillé par notre copain Hugo qui est capitaine sur un gros yacht
Cette journée nous réconciliera avec la navigation. Il fera un chaud soleil, l’eau sera parfaitement plate, pas de vent et peu de bateau sur l’eau. Nous monterons nous installer sur la terrasse, le fly, ce qui ne nous n’avions pas fait depuis septembre.
Vers midi, nous ressentons un petit ralentissement puis des vibrations dans le bateau. Le diagnostic est vite posé, nous avons pris une amarre dans les hélices. Nous mettons en panne et je m’équipe à nouveau pour plonger voir l’étendue de l’avarie. Ce n’est pas bien grave, car en effet un cordage et un gros paquet d’algues se sont emmêles autour de l’hélice tribord. Agnès me passe mon couteau de plongé et en plusieurs fois, je libère l’hélice de tous ce fatras et nous repartons.
Nous arrivons à destination vers 15H et prenons la passe d’entrée étroite et peu profonde mais très bien balisée, pour accéder dans la baie intérieure,. Il y a déjà plusieurs bateaux au mouillage et dans deux petites marinas présentes sur les deux rives opposées de la baie. Nous descendons à terre pour faire connaissance avec les lieux et en évaluer les capacités touristiques.
Cette ile est très petite et en une demi-journée à pied nous en avons fait le tour. Il y a quelques maisons de vacances, de belles plages et deux baies de mouillage.
Nous demandons les tarifs des deux marinas, qui sont sensiblement identiques mais qui propose la gratuité du dockage si l’on prend notre souper dans le restaurant de la marina.
En fin d’après midi, la marina devant laquelle nous sommes mouillés se remplie de bateaux, principalement des yachts. Nous voyons arriver un très beau yacht français
« CARTOUCHE » un GUY COUACH de 100 pieds avec des compatriotes à bord.
Dans la soirée, nous allons prendre pour la nuit une grosse bouée située au milieu du mouillage libérée par un trawler qui vient de partir. Le ciel s’est fortement assombrit vers le sud et le vent se renforce peu à peu.
En début de nuit, brutalement, le vent monte fortement en puissance et un violent orage se déchaine sur nos têtes. Vers minuit, le vent tourne au nord ouest et sa puissance augmente encore. Agnès apprécie que très peu la situation et elle pense que ce n’est pas par hasard si plusieurs yachts sont venus se mètrent à l’abri. Nous sommes néanmoins soulagés d’être amarrés sur un corps mort qui semble être là pour des bateaux plus important que NA MAKA. Je ne dormirais quand même que d’un œil en par petites étapes.

Mercredi 24 février 2010
Jeudi 25 février 2010
Ce matin, le grand soleil est revenu mais le vent est toujours aussi violent.
Malgré la petitesse de la baie, un clapot sensible est formé par le vent et le bateau « tire des bords carrés » sur la bouée, les rappels sont fort désagréables.
Ce régime durera les deux jours avec un vent toujours très soutenu aux environs des 25 à 30 nœuds. Nous partirons nous promener sur l’ile en parcourant les quelques chemins de terre qui serpentent entre les maisons en bois et la route principale, goudronnée, reliant les deux villages. Toutes les villas et les terrains sont
« FOR SALE », c'est-à-dire à vendre. De nombreux panneaux de vente de lotissements émergent des broussailles des bas côtés des voies, nous constatons là l’un des effets de la crise financière mondiale.
L’amélioration est prévue pour vendredi avec un vent se maintenant à 20 nœuds. Nous décidons de reprendre la route du Sud pour rejoindre le dernier abri avant de traverser sur l’ile de PROVIDENCE et la ville de NASSAU, vers où nous devons retrouver les « québécois ».

Vendredi 26 février 2010
Nous larguons la bouée à 8H 30 pour une petite étape de 22 miles.
Le vent est bien plus faible que la veille et nous embouquons le chenal de sortie de la baie avec précaution car il est très étroit et peu profond. Nous y rencontrons le coche d’eau local qui aura la délicatesse de sortir du chenal lors de notre croisement, lui en connaissant parfaitement tous les détails et ayant un faible tirant d’eau.
Arrivé à l’extérieur, nous constatons que le vent est encore assez soutenu mais nous le gardons dans notre dos, notre cap étant plein sud.
Une bonne heure plus loin, nous avons à franchir un seuil entre deux iles et nous sommes un peu inquiets quand nous nous apercevons que la route indiquée sur la carte passe sur des fonds de 1.50 m ! Je reprends la barre et commence à slalomer entre les bancs de sables, mais ces derniers ont la bougeotte dans toutes les mers du monde et l’on ne peut jamais en déterminer l’emplacement exact.
Nous finirons, comme nous le craignons par nous échouer, le sondeur ayant déclaré forfait et ne nous indiquant plus d’information sur la hauteur d’eau.
En insistant un peu à faible vitesse et avec l’aide d’une petite houle venant derrière nous, nous ne resterons pas longtemps arrêtés et reprendrons notre route avec les yeux rivés sur les indications du sondeur, même quand il nous indique y avoir 4 m de profondeur.
Nous comprenons pourquoi, le yacht CARTOUCHE est parti hier en fin d’après midi car il est passé au moment de la marée haute et a bénéficier ainsi de 0.90 m d’eau de plus. Je ne connaissais par la route et n’avais donc pas pu intégrer ce paramètre. Cela me servira de leçon pour les prochains jours de navigation entre les iles des Bahamas où il y a toujours très peu d’eau sous la coque.
Nous arriverons à 11H 30 à destination, MARSH HARBOUR, le bourg le plus grand des iles du nord et qui est un excellent abri. Nous avons choisi une petite marina dont l’emplacement nous semble le moins exposé au prochain front froid prévu pour samedi et dimanche. Nous glissons le bateau dans un emplacement qui me parait de prime abord trop petit mais je m’applique à faire une belle manœuvre pour nous y garer car l’emplacement est exceptionnellement abrité. Nous amarrons avec beaucoup d’application NA MAKA et allons faire les formalités administratives habituelles au bureau de la marina avant de prendre notre déjeuner à bord.
Durant l’après midi, nous traversons la baie avec l’annexe pour aller visiter le bourg et trouver le magasin d’alimentations et autres boutiques telle que la « bakerie ».
Retour à bord en fin d’après midi avec un temps étonnamment calme et un vent de sud faible, que va-t-il nous tomber sur la tête ?

Samedi 27 février 2010
La nuit a été étonnamment calme, le fort vent de sud est ne se levant que vers le milieu de la matinée. Il soufflera toute la journée et la nuit suivante sans faiblir en tournant au sud ouest. La marina s’est remplie de bateau en prévision de ces mauvaises conditions météorologiques. Il resta quelques bateaux au mouillage dans la baie mais celle-ci offrit tout de même un abri convenable, le clapot levé par le vent de dépassant pas 50 cm.
Dans l’après midi, nous ferons connaissance avec l’équipage d’un trawler
GRANDBANKS 52, son capitaine Gaëtan, « un maudit québécois » et Nathalie, une marseillaise exilée à MOREA depuis plus de quinze ans.
Nous les invitons à boire l’apéro à bord en fin d’après midi car nous avons prévus tous ensembles d’aller prendre notre repas du soir organisé par la marina.
Il faut savoir, qu’ici, il existe une importante vie sociale dans les marinas. Les navigateurs nord américains prennent un abonnement pour plusieurs mois dans une marina et rayonnent autour de celle-ci pour leurs sorties nautiques par beau temps. Dès qu’un coup de tabac est annoncé, ils retournent tous à leurs emplacements. Cela fait qu’ils se retrouvent souvent et que cela ressemble à un club de vacances du troisième âge car les trois quarts sont des retraités.
Pendant notre apéro à bord de NA MAKA, le mauvais temps se déchaine, un violent orage entre dans la partie et les coupures sur le réseau électrique sont nombreuses. Tard, entre deux averses, nos amis retournent à leur bord en courcircuitant le repas et nous, nous décidons quand même d’aller y faire un tour.
Le barbecue est pratiquement fini, les tables sont toutes complètes et animées, ne prêtant aucune attention à notre présence, nous en profitons pour nous éclipser sur la pointe des pieds. Le lendemain, j’irais m’excuser de notre absence auprès du dockmaster en lui proposant de régler notre réservation, ce qu’il refusera.
La nuit sera un peu « clapoteuse » car bien qu’à l’abri, le clapot contourne la pointe qui protège la marina et y rentre quelque peu.

Dimanche 28 février 2010
Ce matin, à 8H, nous traversons la baie en annexe, ce qui nous vaut quelques éclaboussures d’eau, le clapot étant encore formé malgré la diminution du vent.
Nous faisons l’avitaillement du bateau car nous avons prévu de partir demain à la première heure, ce lundi étant la fenêtre météo favorable pour traverser sur l’ile de ELEUTHERA rejoindre Sylvain’s familly.
La veille, nous avons été invités par une charmante vielle dame à nous joindre à eux pour le lunch. Nous avons décidé de faire une grande salade de fruits et avons donc acheté tous les fruits ce matin.
A 11H, avec nos amis nous rejoignons le club des « boaters » pour partager le lunch.
Il y règne une chaude ambiance que nous aimons bien, quoique un peu surannée.
Nous allons boire le café à bord de LOVE MOREA, le bateau de nos nouveaux amis.
Gaëtan effectue sa première sortie avec le bateau. Il vient de l’acheter et est un navigateur au long cours un peu novice. Nous échangeons beaucoup sur le sujet du bateau et de la mer, lui faisant profiter de mon expérience.
L’après midi s’écoule trop vite. Ils viennent à notre bord pour voir quelques détails techniques d’équipements, comme l’installation du gaz propane. Je suis un fervent adepte des énergies douces à bord, cela nous permet d’être un maximum autonome et d’économiser quelque peu tout en maintenant notre effort par rapport à la planète
Gaëtan est étonné que nous n’ayons pas de groupe électrogène à bord et que nous soyons auto-suffisants avec nos panneaux solaires, cela semble lui donner des idées.
En fin de journée, nous finirons par souper ensemble à leur bord, nous ne nous sommes pas tout dits. Ils sont d’une compagnie vraiment agréable.
A la fin du repas, très tard, sans avoir oublié d’échanger nous adresse @mail, nous nous quittons en nous promettant de nous revoir.

Lundi 1er mars 2010
Le réveil sonne à 6H.
Après le copieux petit déjeuner, nous préparons le bateau afin de larguer les amarres. Nous avons la surprise de retrouver Gaëtan et Nathalie sur le quai prêt à nous aider. Sont-ils impatient de nous voir partir ? Avons-nous été trop envahissants ? Non, surement car c’est avec moultes accolades et bises chaleureuses qu’ils nous larguent les amarres en prenant de nombreuses photographies.
« A très bientôt, les amis de LOVE MOREA »
Nous sommes plusieurs bateaux à prendre la mer matinalement.
Nous allons slalomer une nouvelle fois entre les iles avec peu d’eau sous la coque avant de retrouver la pleine mer. Nous l’atteindrons vers 8H 30 et pourrons prendre plus de vitesse, soit 10 KN sur cette mer plate.
La journée sera longue, mais avec un très beau soleil et peu de vent.
Vers midi, nous doublons un groupe de six à sept gros cétacés, peu être des orques.
Nous atteindrons notre destination à 6H du soir, un peu fatigué. Nous avons perdu l’habitude de passer 11H en navigation.
La baie de HATCHET BAY est complètement fermée et protégée de tous les vents, c’est parfait car on nous annonce un nouveau front froid pour mardi. Depuis plus de deux mois que nous sommes en Floride, nous avons un « cold front » chaque semaine, donc il fait froid et on n’a pas encore profité de notre hiver en Floride et aux Bahamas. Nous pénétrons dans la baie par une tranchée découpée dans la falaise, c’est impressionnant au premier abord mais ça passe, elle fait environ 30 m de large et il y a 3 m de profondeur. Bien sur, en arrivant nous sommes obligé de stopper et de faire marche arrière car un voilier sort.
Nous faisons le tour de la baie pour confirmer mes impressions d’après la carte et les meilleurs endroits sont déjà occupés par d’autres bateaux venus se mettre à l’abri.
Nous trouverons un endroit qui devrait se révéler bien protégé du fort vent annoncé pour les prochains jours.
Après avoir jeté l’ancre, je fais un courriel à Sylvain pour lui dire que l’on est arrivé même s’il ne nous voit pas depuis le quai des pêcheurs.
Nous souperons et irons nous coucher rapidement car il faut reposer et les moteurs et l’équipage de NA AMAKA.

Mardi 2 mars 2010
La nuit aura été profitable, je me suis réveillé vers 8H 30 en ayant dormi comme un loir. Quelque fois, je me dis « heureusement qu’Agnès est plus sensible que moi aux évènements extérieurs », les femmes sont de bonnes alarmes en général.
Nous descendons à terre vers 9H pour faire un tour de reconnaissance des lieux. Au fond de la baie, côté village, il y a un grand quai en béton sur lequel est amarré un petit pétrolier qui approvisionne l’ile en carburant. Il y a également deux bateaux de pêche et deux fishing boat.
Nous allons visiter le village. Nous y trouvons les inévitables églises, trois ou quatre comme partout ailleurs, de confessions diverses mais se réclamant toutes de DIEU. Une école bruisse des paroles et des cris des enfants et de leurs maitres ; la mairie, le poste de police et le service incendie sont abrités dans le même bâtiment, bien sur l’un des mieux entretenus. De nombreuses maisons sont en ruines et les autres sont construites de bric et de broc. Nous sentons que les habitants sont de conditions très modestes, ils nous saluent tous amicalement. Nous sommes des touristes et il semble que nous soyons leur seule source de revenus.
Après avoir déjeuné au bateau, je vais faire un tour jusqu’au quai en espérant que Sylvain aura eu mon dernier courriel et qu’il serait présent. Je rentre demie heure plus tard sans avoir vu personne.
Dans l’après midi, on entant le bruit d’une gros dingy qui arrive rapidement vers nous et on y voit Sylvain qui a fait du «dingy stop».
Nous retournons tous les trois à terre afin de rejoindre Audrey et Rafael qui nous attendent dans ce qui pourrait s’appeler un bar.
Bien sur le plaisir de revoir tout le monde est grand. Rafael à son habitude nous regarde d’un premier abord soupçonneux et distant puis au bout de quelques minutes nous offre ses plus beaux sourires.
Nous échangeons nos dernières aventures de vacances devant une bière, puis nous partons visiter la villa qu’ils ont louée. L’ile d’ELEUTHERA dessine un long croissant de 175 kms et sa largeur ne dépasse pas trois petits kilomètres au plus large. Depuis la terrasse, nous voyons les deux côtes ; sur l’atlantique, la mer est très calme et sur le bank, il y a un gros clapot.
Avec Sylvain, nous partons faire quelques achats de bouche et du poisson frais aux pêcheurs s’ils sont sortis. Vu le mauvais temps aujourd’hui et le front froid qui est annoncé pour cette nuit, les pêcheurs sont restés à l’abri. Sur le banc de corail qui jouxte le ponton où ils viennent livrer leurs poissons, il y a un petit voilier de
8 m qui est échoué et complètement explosé. Sylvain me dit l’avoir vu samedi après midi accosté au ponton et abritant un couple de canadiens. Visiblement ils se sont faits drossé sur la terre lors du front froid de samedi soir dernier.
Sylvain nous raccompagne jusqu’au quai où nous avons laissé « petit namak » notre dinghy. Nous rentrons au bateau et rangeons tout car la nuit ne devrait pas être calme. Nous sommes une douzaine de bateaux au mouillage dans la baie venus se mettre à l’abri, une majorité sur bouées et les autres sur leurs ancres. La NOAA a prévu le passage du front froid pendant deux jours avec des vents violents.
Après la tombée de la nuit, un violent orage éclate sur nos têtes et le vent prend de la force. Il tourne lentement vers le nord ouest en prenant de plus en plus de vigueur. Nous commençons par assurer une veille car le mouillage pourrait lâcher d’un instant à l’autre si le vent devenait trop violent. Vers 2H du matin, je descends m’allonger et Agnès prend la relève. Quelques instants plus tard, elle m’appelle car le voilier qui est dernière nous accroché à une bouée nous fait des signaux lumineux. Je constate que nous glissons doucement en arrière dans le lit du vent, notre ancre a décrochée et nous sommes en train de déraper.
Branle bas de combat pour préparer le bateau afin d’accoster le quai au fond de la baie et nous relevons le mouillage. En ces moments, le vent souffle a 30 KN et jusqu'à plus de 40 KN en rafales. Le relevage se fait sans trop de problème, Agnès gérant la remontée de l’ancre et m’indiquant par signes comment je dois maintenir le bateau face au vent et en avançant lentement afin de soulager le guindeau. Nous slalomons prudemment entre les autres bateaux et gagnons le quai où nous nous mettons à couple d’un fishing boat. Il faut bien amarrer NA MAKA sur l’autre bateau, contrôler et renforcer l’amarrage de ce dernier sur le quai. Vers 3H, nous partons nous coucher, fatigués mais soulagés.

Mercredi 3 mars 2010
Au matin, le vent souffle toujours aussi violemment. Je contrôle toutes les amarres car il faut leur donner la souplesse capable de suivre le marnage. Il est de un mètre environ ici. Je rajoute trois amarres et deux pare battages sur le bateau qui nous accueille à couple car il me parait sommairement amarré au quai.
Plus tard dans la matinée, le propriétaire passe car il a du être prévenu qu’il avait quelqu’un à l’épaule. Le premier abord est froid puis voyant que j’avais repris les amarres et bien protégé son bateau, il se radoucit et nous souhaite la bienvenue et nous invite à rester ainsi tout le temps que l’on veut.
Trois jours plus tard, un trawler qui était adossé au quai également partira et nous prendrons sa place. Les descentes à terre sont plus simples lorsque l’on est collé contre un quai, surtout avec un enfant en bas âge.
Nous allons au village qui se trouve sur la bordure sud du lagon. Celui-ci est très mal entretenu, de nombreux déchets de « la civilisation » jonchent partout les ruelles et les alentours immédiats. Il semblerait qu’après chaque cyclone, les habitations détruites sont abandonnées et qu’ils en reconstruisent une autre à proximité. Cela donne un paysage de désolation pas très avenant. Nous verrons les jours suivant quelques cantonniers locaux nettoyer les rues et parcelles de terrains dans le village, mais leur technique est sommaire. Ils font des tas épars de leur collecte en attente d’être ramassés mais avec le vent persistant, quelques heures après, le travail est à recommencer.
Alors que j’avais un réseau internet ouvert sur lequel je m’étais infiltré, lorsque nous étions au mouillage, ici, contre le quai, je ne capte aucun réseau non sécurisé. J’en ai deux mais ils appartiennent aux seuls établissements publics, un petit hôtel et un cyber café. Je vais à l’hôtel afin de négocier une connexion pour plusieurs jours pas trop chère, j’ai horreur de payer pour me servir d’internet, désolé, mais on me propose un tarif de 8 $ de l’heure, j’explique qu’il est scandaleux de pratiquer de tels tarifs et qu’il est en train de perdre un peu d’argent tout simplement, ce qui ne semble pas l’émouvoir. Je vais jusqu’au cyber café et pour le même prix, nous buvons le thé. Les jours suivants, je m’installerais à une centaine de mètres du café sous un cocotier afin de surfer sur la toile. Je ne comprends pas toujours l’approche commerciale qu’ont certains propriétaires d’établissements publics de pratiquer des tarifs prohibitifs, ils perdent systématiquement du chiffre d’affaire.
Nous avions décidé de ne pas nous voir aujourd’hui, avec Sylvain afin de les laisser profiter de leur vie de famille au calme.

Jeudi 4 mars 2010
En début d’après midi, Sylvain viendra nous chercher au bateau. Il a loué une voiture pour la durée de leur séjour ici. Ils patienteront sur le quai sans voir que le bateau est accosté à une centaine de mètre d’eux.
Nous leur racontons nos aventures nocturnes de la veille. Ils sont également chagrinés par le mauvais temps qu’il fait, ils pensaient trouver du chaud soleil et faire de belles baignades, ce qui est loin d’être le cas. Néanmoins, la température est plus chaude qu’à MONTREAL.
Nous passerons les jours suivants à visiter les quelques villages alentour. Ils se ressemblent tous et nous nous demandons si c’est le résultat de la crise économique mondiale qui a précipité l’ile dans cet état de délabrement.
Le temps ne s’améliorera pas avant dimanche après midi. Nous décidons de rejoindre la capitale des Bahamas, NASSAU lundi prochain.

Lundi 8 mars 2010
Rendez-vous a été pris pour 8H 30 ce matin et ils seront ponctuels. Leur logeur ne viendra pas faire le contrôle de la villa à leur départ et leur a demandé de laisser la voiture sur le port. Il viendra la prendre dans le courant de la journée.
Une fois tout le monde installé à bord, nous larguons les amarres.
Nous embouquons l’étroit goulet de la sortie du lagon pour nous retrouver en eau libre sur le bank. Il fait un grand soleil et le vent est faible. L’eau restera parfaitement plate toute la journée.
Nous arriverons vers 2H dans une marina de NASSAU.
Après une petite balade dans le quartier environnant, nous souperons au restaurant de la marina. Très agréable soirée, de bons mets dans les assiettes clôtureront ces petites vacances. Sylvain rentrera avec un petit regret, il pensait faire ses débuts en surf sur les vagues de l’Atlantique mais le mauvais temps l’en aura empêché.

Mardi 9 mars 2010
Nous accompagnons nos québécois jusqu’au taxi qui doit les conduire jusqu’à l’aéroport pour prendre l’avion du retour.
Après les derniers câlins d’au revoir, nous partons avec Agnès chercher une autre marina moins chère. Nous prendrons un ponton dans la marina voisine, plus rustique mais deux tiers moins chère. Je passe donc régler mes 98 $ au bureau de la marina que l’on quitte et partons avec le bateau nous installer deux pontons plus à l’Est. Toutes les marinas sont en bordure du bras de mer qui sépare l’ile principale de PROVIDENCE de l’ile de PARADISE ISLAND, nous avons donc un peu de clapot car les bateaux circulent toute la journée dans ce chenal. De plus, il y a de nombreuses motos marines qui foncent systématiquement créant un clapot supplémentaire. C’est le premier endroit au monde où je vois tout ce qui flotte circuler dans et devant les marinas à grande vitesse.

Mercredi 10 mars 2010 au Mardi 16 mars
Nous passerons cette semaine à l’abri de cette nouvelle marina, quelque peu vétuste mais suffisamment confortable quand on considère le mauvais temps à l’extérieur.
Chaque jour, nous partirons à la découverte de NASSAU.
Nous visiterons l’un des plus luxueux complexe hôtelier du monde, comprenant une marina, plusieurs grands hôtels, un casino, un aquarium extérieur gigantesque avec plusieurs milliers de poissons, compris plusieurs requins, des plages et une très luxurieuse végétation, PARADISE ISLAND. C’est dans ce complexe que de nombreuses scènes du film LE CINQUIEME ELEMENT ont été tournées.
Nous constaterons que la partie de l’ile qui abrite tous les « équipements touristiques » est reliée à l’ile principale par deux ponts avec péage. L’ile principale est occupée par la ville de NASSAU et c’est là où vivent les autochtones qui travaillent dans la partie touristique. Le port de commerce y est bien organisé et accueille plusieurs gros paquebots de croisières qui déversent à terre chaque jours, des milliers de touristes ce qui alimentent l’économie de l'ile.

Mercredi 17 mars 2010
Les prévisions météorologiques étant bonnes pour la journée, nous larguons les amarres à 8H ce matin. Nous commençons notre route de retour vers notre base floridienne. Nous naviguons sur une mer assez calme mais la pluie fera son apparition après midi.
Nous arrivons dans la petite marina de GREAT HARBOR CAY où nous resterons deux jours afin de laisser passer une nouvelle dépression.
Nous y rencontrons un nouvel ami, un québécois nommé Marc qui est seul sur son beau petit voilier. Nous sympathisons avec lui et nous l’invitons à se joindre à nous jusqu’à FORT LAUDERDALE. Il a pour projet de vendre son bateau actuel pour acheter un trawler.

Samedi 20 mars 2010
Nous partons à 7H ce matin pour traverser le banc jusqu’à BIMINI en profitant de deux nouveaux jours de beau temps pronostiqués par la NOAA, l’organisme américain de météorologie.
Nous naviguerons toute la journée avec une mer plate sur une profondeur moyenne de quatre mètres d’eau avec un vent modéré venant de l’arrière.
Nous jetterons l’ancre à 5H dans un bassin à côté de la marina après avoir suivi un chenal creusé lui aussi artificiellement dans cette ile de corail. Nous sommes ancrés dans une sorte d’immense piscine rectangulaire avec les bords affleurant la surface de l’eau. Cela me posera quelques problèmes en rapport à la sécurité et je surveillerais la tenue du mouillage avec attention avant que la nuit vienne.

Dimanche 21 mars 2010
Les prévisions météorologiques du jour sont optimistes pour la matinée et nous sortons de BIMINI à 7H 30 par petit temps.
Nous devons traverser le canal entre la Floride et la première ile des Bahamas, BIMINI en coupant le puissant courant du GULFSTREAM. Il est interdit, aux dires des navigateurs et pêcheurs locaux, de faire cette traversée par vent de Nord à Nord Est mais l’avenir nous informera qu’une traversée par fort vent de Sud est sportive.
Vers 9H, le vent de Sud Est commence à prendre de la vigueur, des vagues de près de deux mètres se formant. La mer devient assez achée avec des vagues venant de notre trois quart arrière, allure que n’apprécie pas notre pilote automatique.
Un gros bateau des US COASTGUARD nous contrôle par radio et je confie la tache de communiquer avec eux pendant que je barre.
Après, j’augmenterais la vitesse du bateau jusqu’à 13 KN afin d’arriver à destination avant que le vent ne soit très fort et rende la traversée dangereuse.
A midi nous franchirons la passe d’entrée du port de FORT LAUDERDALE avec soulagement, cela fait quatre heures que je barre et je redoutais l’arrivée sur la côte avec cette mer forte.
Une heure plus tard, nous serons amarrés à notre quai près du boulevard LAS OLAS.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire