Mercredi 16 septembre 2009
Nous venons de passer la plus mauvaise nuit de l’année. Le trafic, quoique moins intense durant la nuit, les marées avec la renverse du courant de près de quatre noeuds toute les six heures ont eu raison de notre sommeil.
Au matin, après avoir consulté mes cartes électroniques qui donnent les numéros de téléphones des marinas alentours, j’appelle deux de celles-ci afin de connaitre leurs disponibilités et les tarifs de séjour. Ils peuvent nous recevoir mais les prix annoncés sont prohibitifs, 4 à 5 USD le pied par jour ce qui fait pour nous entre 160 et 200 USD par jour. Nous pensions qu’étant à NEW YORK, les tarifs seraient hauts mais pas à cette altitude là.
Mais ayant pris la décision de ne pas rester une nuit de plus dans ce mouillage infernal, nous décidons de partir.
En premier lieu, nous allons à deux cent mètres voir dans la marina qui gère les bouées de ce mouillage. Nous prenons un ponton avec l’aide du dockmaster.
Celui-ci me demande quel est le tirant d’eau de notre bateau et il nous précise que nous risquons de nous poser dans la vase à marée basse. Je pige la hauteur d’eau que nous avons sous le bateau et après de savants calculs, nous décidons de ne pas rester là. Je ne veux pas prendre le risque de tordre les deux hélices.
En nous dirigeant vers la principale marina qui est sur la rive ouest de l’HUDSON RIVER, très protégée et proche de la statue de la Liberté, j’avise sur notre gauche une marina dans laquelle est stationnée quelques gros yachts et d’autres bateaux.
Après appel par la radio VHF et entretien avec le dockmaster, nous accostons à un ponton où il nous prend les amarres.
Nous nous faisons préciser le coût journalier de notre séjour et finissons par nous mettre d’accord sur une somme de 150 USD payé en cash. Nous avions décidé de passer deux semaines à NEW YORK, nous n’y resterons qu’une.
Notre installation terminée, nous partons à l’assaut de cette mystérieuse mégalopole. Le côté positif de cette marina est qu’elle est sur la rive Est et nous avons directement accès à MANHATTAN. Nous sommes arrêtés à CHELSEA PIER 9 SOUTH devant la 17th Street.
Il est relativement facile de se situer dans la ville car les rues sont Est/Ouest et les avenues sont Nord/Sud. De plus, nous partons avec le guide bleu des USA en poche.
Notre première journée sera consacrée à la visite de MANHATTAN. Nous descendrons jusqu’à GROUND ZERO en empruntant la 6th Avenue appelée LAS AMERICAS puis en suivant BROADWAY, la célèbre avenue sur laquelle il y a les plus grands music-halls.
GROUND ZERO est un immense chantier à ciel ouvert. Il n’y a plus aucune trace de l’effroyable drame du 11 septembre 2001. La construction de cinq tours est programmée avec un terminal de métro comprenant une interconnexion des circuits pédestres entre les rues, les grands immeubles et les traversiers et ferry du fleuve.
La plus grande tour s’élèvera à 1776 pieds soit 533 m. les autres tours auront des hauteurs moins importantes mais la plus petite fera tout de même 947 pieds soit 285 m. Le plan de masse conserve l’empreinte des deux tours abattues dans un ensemble d’espaces verts communs.
En bordure de ce lieu, un centre d’accueil a été bâti dans lequel sont conservées de nombreuses reliques ainsi que des photographies en témoignages des victimes mais également des sauveteurs.
Durant l’après midi, nous remonterons jusqu’à la marina en passant pas les quartiers chinois et italien.
Dans CHINATOWN, il y a un extraordinaire fourmillement humain. Tous semblent affairés sans que rien d’autre ne compte, ils avancent têtes baissées avec frénésie dans l’accomplissement de leurs taches.
Nous sommes souvent interpellés afin de pénétrer dans des échoppes pour acheter je ne sais quel objet inutile. Nous résisterons bien fièrement.
Nous pénètrerons tout de même dans un temple qui est en fait une boutique qui héberge plusieurs statues de bouddha et autres objets de culte, à vendre.
Puis quelques longueurs de trottoirs plus loin, nous pénétrons dans le temple bouddhiste qui abrite le plus grand Bouddha existant en Amérique du Nord. Nous sommes autorisés à rentrer mais sans prendre de photographies et assistons à un culte bouddhiste dit par plusieurs moines devant une petite assemblée de fidèles.
Une rue plus loin, c’est LITTLE ITALY, le quartier italien qui semble mal résister à la pression asiatique. C’est la semaine de la fête annuelle pour la communauté italienne. La rue principale, MULBURRY Street est fermée à la circulation automobile et des stands de vente de cadeaux souvenirs, de nourritures et les nombreuses terrasses des restaurants occupent tout l’espace sur plus d’un kilomètre.
Il y a là un mélange d’italiens immigrés depuis longtemps mais qui ont gardé la mélancolie de leur pays. Ils sont habillés typiquement avec leur costume et le couvre chef noirs et ont le comportement et le parlé jubilatoire de la méditerranée. Nous croisons quelques figures légendaires à la « AL CAPONE » et beaucoup de jeunes qui veulent se couler dans le tableau traditionnel mais qui n’ont plus l’accent,
ils parlent l’anglais !
Nous sommes invités, tous les dix mètres à entrer pour déguster les meilleures pates ou pizza de NEW YORK mais ce n’est pas encore pour nous l’heure du souper.
Les américains sont attablés à partir de 17H et les restaurants sont généralement fermés vers 21H. Nous conservons notre habitude de prendre les repas à nos heures contractuelles.
Nous sommes de retour au bateau vers 19H, fourbus et bien content de reposer nos jambes et nos pieds. Nous venons de parcourir prés de huit kilomètres.
Cette nuit sera la bienvenue dans un calme relatif. La marina est en prise directe avec le fleuve mais bien mieux protégée que le mouillage. Le trafic y est moins sensible même si parfois nous ressentons quelques vagues amorties provenant de bateaux dont le pilote est peu soucieux des riverains.
Jeudi 17 septembre 2009
Un copieux petit déjeuner sera englouti avant de nous lancer à l’assaut de notre seconde journée. Sur le conseil de plusieurs de nos amis, nous avons décidé d’aller visiter le MOMA, Le Musée d’Art Moderne.
Prudents, car nous pensons que cette journée mettra à rude épreuve nos mollets, nous partons en taxi.
Nous avons beaucoup de chance car nous y arrivons à 10H et le musée ouvre dans une demi-heure, la file d’attente devant les guichets d’entrée est réduite et dès 10H 45 nous serons dans la première salle.
Nous commencerons par les œuvres d’arts des XIX et XX siècles qui occupent deux niveaux. Le design et l’architecture seront consciencieusement auscultés et pour cause. Nous visiterons les salles dans lesquelles sont exposées des maquettes de projets faits par de grands architectes à travers le monde. Nous finirons par les œuvres d’arts contemporaines.
La diversité des œuvres exposées aux yeux du public est extraordinaire et il est nécessaire d’y consacrer plus d’une journée pour pouvoir en apprécier la richesse.
Nous sommes étonnés de voir de nombreuses personnes se faire prendre en photographie devant les œuvres les plus connues, telle le portrait remasterisé en couleur de MARYLIN MONROE par ANDY WARROL ou quelque bronze de RODIN.
En sortant du MOMA, nous avons repris notre errance dans les rues de « la grande pomme ». Nous avons flânés sur la 5th Avenue et vu toutes les boutiques des plus grandes marques du monde, toutes très richement décorées et dans les immeubles les plus connus, soit anciens ou plus récents.
Nous passerons au pied du CHRYSLER BUILDING et quelques blocs plus loin, nous ne résisterons pas à monter jusqu’au sommet de l’EMPIRE STATE BUILDING.
Nous avons pris trois ascenseurs successifs afin d’atteindre le dernier étage visitable, le 102ième qui culmine à 1250 pieds soit à 375 mètres du sol environ. La vue est exceptionnelle, on embrasse NEW YORK et ses banlieues sur près de cent cinquante kilomètres à la ronde, théoriquement.
Nous rentrerons jusqu’au bateau à pieds en empruntant BROADWAY Avenue.
Nous sommes enthousiasmés par la qualité de l’accueil que nous recevons partout, notre élocution anglaise n’étant pas bonne mais nous serons toujours renseignés avec gentillesse. Nous remarquons la propreté de la ville, nous ne serons jamais importuné par des vendeurs des rues ni par des mendiants, au demeurant très peu présents. Il est vrai que nous sommes dans des quartiers plus tôt touristiques et qui sont bien surveillés par la police municipale.
Nous rencontrons de nombreux touristes que nous reconnaissons simplement par le fait que nous nous promenons tous avec un guide et un appareil photographique. Hormis ces signes extérieurs, nous serions incapables de distinguer la nationalité des passants. C’est une grande ville très cosmopolite où les personnes, leurs comportements et leurs tenues vestimentaires sont branchées. C’est la première fois que nous ne pouvons pas faire la différence entre un américain et un européen, contrairement aux villes plus au sud que nous avons traversées.
Vendredi 18 septembre 2009
Dès le départ de la marina, nous prenons un taxi pour aller jusqu’au Métropolitan Muséum of Art appelé THE MET. Le taxi nous déposera sur PARC AVENUE et nous traverserons dans le sens de la largeur ce célèbre espace vert situé en plein cœur de la ville qui a été créé dans les années 1860 et fait huit cent mètres de large sur quatre kilomètres de long.
Ce magnifique musée, construit en plusieurs étapes à partir de 1870 dans un style néo gothique puis agrandi lorsque les donations de collections d’objets d’art ne trouvaient plus de place en exposition. Il est situé en bordure de la 5th Avenue et empiète sur CENTRAL PARC.
Lorsque l’on entre dans la galerie principale d’accueil du musée, on est écrasé par le gigantisme de ce bâtiment. De grandes colonnes soutiennent de grandes arcades formant les plafonds avec un dôme central qui éclaire naturellement l’intérieur.
A 10H du matin, il y a déjà une foule énorme. Nous remarquons que des visites guidées d’une heure du musée sont proposées gratuitement et dans une demi-heure nous en avons une en français. Nous nous présentons au point de rendez-vous. Quelques minutes plus tard, nous voyons arriver notre guide, une charmante personne, Nicole, française expatriée depuis longtemps et mariée avec un américain. Nous sommes seuls et partons donc visiter le musée.
Ayant une heure à nous consacrer, en fait elle restera deux heures avec nous, et n’ayant pas le temps de tout voir, elle nous propose une sélection d’une dizaine d’œuvre, tant de sculptures que de peintures ou d’objets archéologiques découverts dans des fouilles. Elle nous en expliquera la genèse, ce qu’il faut y lire et l’histoire de l’œuvre.
Nous sommes ébahis par les explications données par cette érudite, nous découvrons à chaque explication les vertus de l’œuvre et le message inscrit par l’artiste dans la matière. Nous n’avions jamais regardé une œuvre en y recherchant les divers angles de visions proposés.
Après avoir déjeuné à la cafétéria du musée, nous poursuivons la visite seuls.
Nous voyons beaucoup d’œuvres d’arts antiques de l’Egypte, de l’Asie, du moyen et proche orient Nous avons pu voir de nombreuses sculptures de RODIN.
L’impressionnante quantité d’œuvres exposées, plus de trois millions, demande plus d’une journée de visite à consacrer à leur découverte.
En fin d’après midi, nous sommes repartis à pieds en traversant CENTRAL PARC.
Nous sommes surpris du nombre considérable de citadins qui font leur sport quotidien en courant dans le parc, en y faisant du vélo, du skate, du roller et en jouant sur les grandes pelouses à tous les sports collectifs. En cette belle fin de journée, les gens viennent pique niquer en groupes sur les pelouses.
Nous y croisons également beaucoup de nounous latinos avec les enfants qu’elles gardent en se promenant ou en discutant avec leurs consœurs. De nombreux jeux dans des jardins d’enfants sont à leur disposition.
Dans CENTRAL PARC règne une belle ambiance de joie et de fraternité.
Nous prendrons un taxi pour rentrer à la marina, car nous avons du faire aujourd’hui encore plus de six kilomètres à pieds, nous sommes fourbus.
Samedi 19 septembre 2009
Après un conseil d’administration à bord, nous avons admis que de passer quatre jours ici n’était pas suffisant pour ressentir plus finement les palpitations de la ville. Comme nous ne pouvons pas rester plus longtemps stationnés dans cette marina au tarif prohibitif, nous décidons de partir demain après midi.
Cette journée sera consacrée à une grande promenade sans but précis.
Nos pas nous amènerons jusqu’à UNION SQUARE, nous y trouverons un marché de plein air où de nombreux agriculteurs producteurs viennent y vendre leurs produits. Le samedi matin, il semblerait que les habitants des quartiers alentours en profitent pour venir chercher des produits frais dans une ambiance très villageoise. Il fait un soleil splendide et cela en rajoute à ce parfait tableau. Les couleurs chatoyantes et les odeurs gourmandes nous apparaissent anachroniques dans ce centre ville très minéral. Il plane dans l’air une légèreté de bon aloi, les gens à la mine joyeuse déambulent entre les stands de vente débordants de produits frais.
Nous reprenons notre errance en descendant BROADWAY jusqu’au quartier russe que nous ne trouverons pas.
Nous déjeunerons en terrasse d’un restaurant typiquement américain, non pas dans un fast food, mais un établissement où l’on vous sert un grand plat principal bien copieux en buvant le breuvage national, la bière à la pression. Nous éviterons de prendre des cafés servis dans de grandes tasses, Agnès n’appréciant pas leur goût de lavasse. Le soleil nous réchauffe un peu trop sévèrement et l’ombrage des arbres sera le bien venu lors de notre marche dans ce quartier très animé d’EST VILLAGE.
Nous emprunterons les petites rues « européennes » des quartiers de GRENWITCH VILLAGE, de SOHO et de WEST VILLAGE en remontant vers la marina en fin de journée. Ce sont des dédales de rues qui ne se croisent pas souvent à angle droit, comme la quasi-totalité des rues aux ETATS-UNIS. On se retrouve dans les rues ombragées avec peu de circulation automobile mais avec beaucoup de piétons en vadrouille. Nous en viendrons à nous y perdre, malgré l’aide du guide.
Nous prendrons un rafraichissement en terrasse d’un restaurant vers 5H qui est l’heure ou la majorité des gens se mettent à table pour souper.
Nous rentrons nous reposer au bateau. Nous sortirons diner en ville pour notre dernière soirée dans cette mégalopole qui nous plait beaucoup et où nous nous promettons de revenir. Le guide Bleu nous recommande un petit restaurant agréable non loin de la marina. Nous allons faire plusieurs allé retour dans la rue indiquée pour arriver à la conclusion que le restaurant n’existe plus.
Il y a à la place un immeuble à l’architecture moderne qui est entièrement occupé par la marque APPLE. Les salles de montres sont violemment éclairées et une foule y grouille bruyamment. Nous y pénétrons car j’aperçois un escalier d’accès aux deux étages supérieurs qui stupéfait l’œil de l’architecte.
C’est un imposant escalier, le noyau central, les marches et les gardes corps sont en verre transparent. Les liaisons et fixations de cet ensemble sont constituées de pièces en inox poli d’un design très élaboré. Il fait plus de six mètres de diamètre. Nous l’empruntons uniquement pour apprécier de près cette pièce d’art moderne. C’est simplement magnifique. L’ensemble de la décoration des lieux est d’un minimalisme total. Bravo pour cette réalisation.
Nous souperons à deux pas dans un restaurant à l’ambiance cubaine très décontractée et il nous sera servi un repas « localement cubain » très savoureux.
Nous rentrerons à la marina en empruntant une passerelle métallique d’une quinzaine de mètres de large environ et à vingt mètres du sol. Elle serpente entre de nouvelles constructions et des immeubles d’anciens docks sur plus d’un kilomètre. Elle est très aménagée avec des bancs de repos disséminés au milieu de jardins suspendus et les revêtements de sols font alterner du bois et de la pierre avec des insertions en inox. Les éclairages sont également très étudiés et donnent une ambiance très sympathique au lieu qui pourrait être très austère de prime abord. Notre dernière nuit à bord sera très calme, nous sommes un samedi soir et il y a très peu de trafic sur le fleuve durant les fins de semaines.
Dimanche 20 septembre 2009
Cette matinée est consacrée à faire l’avitaillement du bord et au contrôle du bateau. La veille, nous avions repéré un super marché pas trop éloigné de la marina, où nous avions fait des premiers achats. Nous complétons la liste sans oublié un pack de bières car le stock du bord est épuisé. Sans en consommer une quantité astronomique comme les locaux, c’est la boisson que nous buvons couramment à bord durant les repas, hormis l’eau. Elle est moins chère que le vin.
Vers 14H, après déjeuner, nous larguons les amarres avec regrets. Découvrir cette ville en si peu de temps nous laisse vraiment le sentiment d’être passé à côté de beaucoup de choses et de ses habitants.
Nous descendons le fleuve en direction du sud en passant devant la statut de la Liberté. Nous slalomons entre les barges et les bateaux de commerces mouillés dans la baie et prenons la direction de notre prochain arrêt pour y passer la nuit avant de basculer vers le NEW JERSEY.
SANDY HOOK est une station balnéaire au fond de la baie de NEW YORK et le mouillage est particulièrement abrité quelque soit la direction du vent.
Arrivé à destination, nous suivons un chenal balisé; puis je veux nous installer dans un bras secondaire entre les bancs de sables. La zone n’est pas balisée et nous y entrons les yeux rivés sur le sondeur car à cet instant il n’y a pas de bateau local qui pourrait nous indiquer la route. De plus à une centaine de mètres devant nous, il y a un motor yacht les hélices en l’air. Il s’est posé sur un banc de sable et avec la marée basse, le bateau est totalement hors de l’eau. Il attendra sagement que la marée montante le remette à flots. Nous prenons notre mouillage avec circonspection quant à la zone d’évitement que j’espère suffisamment profonde.
De fait, tout se passera bien et au matin, nous sortirons par une autre passe que nous avons repéré au départ des nombreux bateaux venus passés leur dimanche dans cette partie calme de la baie de NEW YORK.
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